Covid-19 : Londres mobilise 20.000 militaires en cas d’urgence et annonce un retrait partiel d’Irak

Très récemment encore, la Corée du Sud était le second pays le plus touché par l’épidémie de coronavirus [Covid-19] après la Chine, ce qui laissait présager une catastrophe sanitaire. Mais la stratégie suivie par les autorités sud-coréennes a, pour le moment du moins, permis d’éviter le pire… sans avoir mis l’ensemble de la population en quarantaine [hormis à Taegu, ville qui concentrait alors le plus de cas].

Les autorités sud-coréennes ont eu recours à tous les moyens technologiques qu’elles pouvaient mettre en oeuvre pour détecter les personnes alors au stade le plus précoce de la maladie. Ce qui s’est traduit par plus de 250.000 tests pratiqués sur les individus présentant les symptômes éventuels d’une contamination, des applications demandant l’état de santé quotidien des utilisateurs ou encore l’installation de thermomètres dans les endroits les plus sensibles.

Selon les derniers chiffres disponibles, la Corée du Sud compte 8.565 cas et 91 décès. Et elle le 8e pays le plus touché, l’Italie ayant, par exemple, connu près de 3.000 morts pour 36.000 cas confirmés.

Pour le moment, le Royaume-Uni compte 2.644 personnes infectées et 71 décès [au 19 mars]. Alors que les pays d’Europe continentale prenaient des mesures drastiques pour freiner l’évolution de l’épidémie, le gouvernement britannique a, dans un premier temps, fait le choix de privilégier « l’immunité collective », un concept selon lequel on estime qu’il est possible d’enrayer une maladie contagieuse au sein d’une population quand cette dernière est en majorité immunisée.

« On va laisser circuler l’agent infectieux jusqu’à ce qu’un certain pourcentage de la population tombe malade, et développe ensuite des anticorps », a expliqué Alexandre Bleibtreu, médecin infectiologue au service de maladies infectieuses de la Pitié Salpêtrière, à franceinfos. « Le but est d’éteindre l’épidémie, en évitant la création de nouveaux foyers. Pour cela, on estime en général qu’il faut que plus de 75% de la population soit immunisée », a-t-il ajouté.

En misant sur cette stratégie [également suivie aux Pays-Bas], le gouvernement de Boris Johnson s’est attiré les critiques, certains estimant qu’il prenait risque beaucoup trop important. Si les modèles mathématiques ont démontré leurs limites [notamment dans le domaine de la finance, voir à ce propos « Le cygne noir » de Nassim Nicholas Taleb], celui ayant servi à une étude effectuée par l’Imperial College de Londres [.pdf], l’ont finalement conduit à changer son fusil d’épaule.

Ainsi, selon cette étude publiée par Neil Ferguson, spécialiste des modélisations des épidémies, 510.000 Britanniques pourraient succomber au Covid-19, avec pic de mortalité à la fin mai/début juin, si Londres ne prenait pas des mesures similaires à celles appliquées par la plupart des autres pays européens.

D’où la décision de M. Johnson de fermer les écoles, de demander à la population d’éviter les contacts et les déplacement « non essentiels » et de recommander aux personnes âgés et aux femmes enceintes de s’isoler pendant plusieurs semaines. Et il est question de prendre des mesures de confinement. Mais au train où vont les choses, il n’est pas impossible qu’une telle annonce soit faite rapidement.

Dans le même temps, les forces armées britanniques se tiennent en alerte afin d’armer une « COVID Support Force« , laquelle, le cas échéant, aura à repondre aux demandes d’assistance des services publics et des autorités civiles. En temps normal, 10.000 militaires doivent être « disponibles » pour faire face à des situations d’urgence, comme une attaque terroriste. Mais, ce 19 mars, leur nombre a doublé. L’annonce en a été faite par le ministère britannique de la Défense [MoD].

« Il existe des craintes au sujet des capacités de la police et du NHS [service de santé britannique, ndlr] qui sont déjà tous les deux à bout de souffle, à faire face à une crise d’ampleur. Bien que le gouvernement répugne à mettre en évidence une perspective aussi sombre, les forces armées doivent être préparées à la menace d’une rupture de l’ordre civil étant donné que, dans d’autres pays, des troupes ont été déployées pour imposer des fermetures et empêcher le pillage des magasins », écrit le quotidien The Guardian.

En attendant, le MoD a surtout insisté sur l’aide que sont susceptibles d’apporter les médecins et les infirmiers militaires du Royal Army Medical Corps au NHS. Ainsi que sur les travaux sur le Covid-19 effectués par le Laboratoire des sciences et technologies de la défense [DSTL] de Porton Down.

« Les hommes et les femmes de nos forces armées sont prêts à protéger la Grande-Bretagne et ses citoyens de toutes les menaces, y compris COVID-19 », a fait valoir Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense. « La flexibilité et le dévouement uniques des services nous permettent de fournir une assistance à toute la société en ces temps difficiles », a-t-il ajouté.

Les effectifs de cette « Covid Support Force » pourraient être renforcés par des militaires britanniques de retour d’Irak. En effet, Londres a annoncé sa décision de réduire le volume de ses troupes actuellement déployées auprès des forces irakiennes.

« En raison de l’épidémie de Covid-19, les besoins en formation des forces de sécurité irakiennes ont été réduits » et les missions de formation de la coalition et de l’Otan ont par conséquent été « mises en pause », a expliqué le MoD, ce 19 mars. Et de préciser qu’il a donc décidé de « redéployer une partie de ses troupes au Royaume-Uni ».

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