Covid-19 : Le ministère des Armées déstocke 5 millions de masques et mobilise la DGA « maîtrise NRBC »

« Nous sommes en guerre », a lancé le président Macron, lors de sa dernière adresse aux Français, pour donner la mesure de l’épidémie de coronavirus [Covid-19] qui sévit actuellement dans le monde. S’agissant de la France, la situation est particulièrement préoccupante sur deux « fronts », à savoir en Île-de-France et dans le Grand-Est, ces deux régions représentant plus de la moitié des cas de personnes infectées [4.856 cas à elles deux sur les 9.043 constatés en France métropolitaine, au 18 mars].

Cette « guerre » a aussi ses batailles… Tel est en effet le mot utilisé par le quotidien Le Monde [édition du 15 mars] pour évoquer les tensions au sein de l’Union européenne au sujet des masques de type FFP2, essentiels pour protéger les personnels soignants au contact des patients contaminés.

Ainsi, début mars, l’Allemagne a interdit l’exportation de ce type de matériels alors que la situation en Italie devenait de plus en plus préoccupante. La France a fait la même chose, sans doute de façon plus subtile, publiant au Journal Officiel, le 13 mars, le décret n° 2020-247 « relatif aux réquisitions nécessaires dans le cadre de la lutte contre le virus covid-19. » Ce texte indique en effet que tous les « masques de protection respiratoire de type FFP2 » et les masques anti-projections « produits d’ici au 31 mai 2020 sont réquisitionnés ».

Trois semaines plus tôt, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, avait annoncé une commande de plusieurs dizaines de millions de masques de type FFP2. Il fallait alors refaire les stocks, après que, dès la fin janvier, les pharmacies avaient dû faire face à un afflux de demandes de la part de particuliers.

En outre, quelques jours auparavant, le ministère des Affaires étrangères avait annoncé l’envoi d’un Airbus A380 à Wuhan [Chine], l’épicentre de l’épidémie de coronavirus. « Ce fret de solidarité de 17 tonnes comprend notamment des combinaisons médicales de protection, des masques, des gants et des produits désinfectants », avait-il précisé.

Et d’ajouter : Cette opération « articule les contributions du secteur public mobilisées par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères et le ministère des solidarités et de la santé, l’appui financier du groupe LVMH, qui a accepté de s’associer à cette opération, ainsi que par des contributions de la société civile, en particulier l’association des Alumni de l’Université de Wuhan. Enfin, elle a permis d’acheminer des matériels offerts par la Lettonie et l’Estonie. »

Cela étant, cette « bataille des masques » a connu un tournant, le 15 mars, quand Thierry Breton, le commissaire européen pour le marché intérieur, a annoncé que la France et l’Allemagne venaient de lever leur interdiction d’exporter les masques FFP2. « Nous avons eux des discussions avec les autorités françaises et allemandes et je suis heureux de vous annoncer que désormais, la possibilité d’export est à nouveau rétablie, bien entendu sous contrôle strict », a-t-il dit sur les ondes d’Europe 1.

Pour autant, M. Breton a défendu les mesures prises par Paris et Berlin. « Au début, un certain nombre de pays ont vu des phénomènes anormaux, hélas, de personnes qui ont voulu spéculer sur ces matériels. Et donc – et je pense que ces deux pays ont eu raison – la France et l’Allemagne ont décidé de bloquer les stocks, de voir ce dont ils disposaient, pour éviter la spéculation », a-t-il rappelé.

En revanche, la Commission européenne a décidé de soumettre à autorisation préalable des États membres toute exportation de matériel médical de protection [masques, gants, blouses, etc] en dehors du marché européen. « Nous avons besoin de protéger nos personnels de santé qui sont sur la première ligne de défense face au virus », a fait valoir Ursula von der Leyen, sa présidente.

Quoi qu’il en soit, le 18 mars, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a admis des « difficultés logistiques » dans la fourniture de masques, lesquels doivent évidemment aller en priorité au personnel médical.

« Il y a eu récemment quelques difficultés logistiques, mais les masques arrivent dans les pharmacies depuis hier », a affirmé M. Ndiaye, assurant que les stocks stratégiques de l’État étaient mis à contribution. « Nous avons mis sous tension, notre appareil de production qui n’a pas des capacités extensives, c’est pour cela que nous avons une gestion parcimonieuse de ces masques avec priorité absolue aux soignants », a-t-elle par ailleurs expliqué.

Seulement, il faut également faire avec le vol de ces mêmes masques au sein des hôpitaux. Ainsi, 15.000 ont disparu à Montpellier. Ce qui « est parfaitement inadmissible », s’est-elle insurgée.

Le même jour, le directeur général de la Santé, le professeur Jérôme Salomon, a indiqué que « plus de 12 millions de masques, dont 1,6 million de masques P2 et 10,7 millions de masques chirurgicaux » étaient en cours d’acheminement vers les « officines » pharmaceutiques et que « plus d’une dizaine de millions de masques vont être aussi livrés vers les hôpitaux ». Et d’ajouter : « Toutes les livraisons sont en cours ou effectuées déjà. »

Dans le lot, sans doute y aura-t-il des masques fabriqués en Chine… Pékin ayant annoncé l’envoi d’un million d’unités à la France. Mais il y aura ceux destockés par le ministère des Armées.

« Nous avons identifié dans nos stocks 5 millions de masques, qui ont été mis à la disposition du ministère de la Santé », a en effet déclaré Florence Parly, la ministre des Armées, dans un entretien donné au journal « Le Parisien ».

Et la Direction générale de l’armement [DGA] va aussi être mise à contribution, via son centre d’expertise « NRBC » [nucléaire, radiologique, biologique, chimique] de Vert-Le-Petit.

« La DGA dispose d’un département spécialisé dans le domaine de la protection nucléaire, radiologique, biologique et chimique. Ses équipes travaillent d’arrache-pied pour tester toutes sortes de masques qui pourraient constituer des alternatives aux masques utilisés en ce moment », a indiqué la ministre des Armées, qui a également rappelé le rôle du Service de santé des Armées [SSA], qui, même s’il « ne représente qu’un petit pourcentage des moyens globaux de santé publique [environ 1%, ndlr], se met à disposition du pays, en gardant à l’esprit que sa mission première est de pouvoir prendre en charge et soigner nos blessés et nos malades. »

Pour rappel, les masques FFP2 filtrent les poussières et les agents pathogènes. Ils sont principalement destinés aux soignants en contact avec les patients souffrant d’une maladie infectueuse. Leur efficacité n’est garantie que pour une durée de trois heures. Les autres types de masques n’offrent pas une protection assez efficace en cas de contact prolongé. Toutefois leur port est essentiel pour les personnes malades.

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