La France en « guerre » contre le coronavirus, les Armées vont être sollicitées

Lors de sa secondre adresse aux Français en l’espace de quelques jours pour évoquer l’épidémie de coronavirus [Covid-19], le président Macron n’a pas lésiné sur les mots. « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale », a-t-il dit.

« Nous sommes en guerre », a même six fois répété M. Macron durant son allocution. Aussi, les Armées vont être mobilisées pour renforcer et soulager le système de santé, qui risque la saturation.

Au 15 mars, le nombre de personnes infectées par le Covid-19 doublait toutes les 72 heures et on comptait 300 personnes hospitalisées en réanimation. Mais certaines régions, comme le Grand Est, et en particulier l’Alsace, sont plus touchées que d’autres. D’où les annonces du président Macron.

« J’ai décidé qu’un hôpital de campagne du Service de santé des armées [SSA] serait déployé dans les jours à venir en Alsace. Les Armées apporteront aussi leur concours pour déplacer les malades des régions les plus affectées et ainsi réduire la congestion des hôpitaux de certains territoires », a-t-il dit.

Concrètement, le SSA mettra en oeuvre un « élément militaire de réanimation » [EMR-SSA], c’est à dire une « une structure médicale modulaire sous tente dédiée à la prise en charge de patients Covid-19, armé par du personnel médical des armées, et dont la capacité est de 30 lits de réanimation », explique le ministère des Armées. « Le lieu de déploiement de ces modules sera décidé en coordination avec la Direction Générale de la Santé », précise-t-il.

Ce 17 mars, la préfète du Grand-Est, Josiane Chevalier, a indiqué sur les ondes de France Inter que face à « un nombre de personnes contaminées qui ne cesse de croître chaque jour », les capacités de réanimation « sont saturées dans le Haut-Rhin » et « très largement occupées dans le Bas-Rhin. »

Qui plus est, le ministère des Armées mettra également à disposition une partie de ses kits Morphée [module de réanimation pour patient à haute élongation d’évacuation], lesquels permettrent de « transporter dans des conditions de prise en charge adaptées, entre six et douze patients en fonction de leur état » à bord d’avions C-135FR et A330 MRTT Phénix de l’armée de l’Air.

En outre, avant les annonces présidentielles, le SSA était déjà mobilisé via ses hôpitaux d’instruction des armées [HIA], en particulier celui de Saint-Mandé [hôpital Bégin]. Fort de son expertise microbiologique, ce dernier est l’un des établissement de santé de référence pour les maladies infectueuses émergences. Aussi a-t-il été choisi pour accueillir et soigner les personnes contaminées par le Covid-19.

Le SSA « participe, à la hauteur de ses moyens, à la gestion de cette crise sanitaire exceptionnelle, mettant ses compétences au service de la résilience de la Nation sans se détourner de sa mission première : le soutien médical des forces armées », avait d’ailleurs expliqué, la semaine passée, le ministère des Armées, à l’occasion d’une visite de Florence Parly à l’hôpital Bégin.

Enfin, le Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées [CESPA], qui relève du SSA, est évidemment mobilisé.

Par ailleurs, le président Macron a également annoncé des mesures visant à limiter au maximum les déplacements des uns et des autres. « Restez chez-vous », a résumé Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. En clair, les déplacements sont interdits, sauf, et à condition de se munir d’une attestation sur l’honneur, pour se rendre au travail si le télétravail n’est pas possible, se ravitailler auprès des commerces de proximité, allez chez le médecin, apporter une aide aux personnes vulnérables [à condition de respecter les gestes barrières] et « faire de l’exercice physique uniquement à titre individuel, autour du domicile et sans aucun rassemblement. »

« Les infractions à ces règles seront sanctionnées d’une amende allant de 38 à 135 euros », a précisé le gouvernement.

Pour les faire respecter, 100.000 policiers et gendarmes seront mobilisés. « Ce dispositif reposera sur des points de contrôle fixes mais aussi des points de contrôle mobiles, à la fois sur les axes principaux mais aussi sur les axes secondaires, partout sur le territoire national », a explique M. Castaner.

Seulement, selon franceinfo, 600 policiers et 350 gendarmes sont confinés à cause de l’épidémie de Covid-19. « La plupart sont confinés à leur domicile par prévention. Au total, une trentaine de policiers ont été testés positifs au coronavirus dans le pays, ainsi que huit gendarmes », avance la chaîne d’information. Cela étant, et alors que la publication du décret 2020-251 du 13 mars 2020 relatif aux organismes susceptibles d’accueillir des militaires en affectation temporaire, a agité les esprits [en fait, comme l’a expliqué le ministère des Armées, il s’agit d’une « mesure d’application de la loi de transformation de la fonction publique promulguée le 6 août 2019 » qui « n’a absolument aucun lien avec le COVID-19. »], Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, a été claire : « les militaires ne seront pas déployés dans les rues » pour faire respecter les mesures de confinement.

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