Des avions russes de lutte anti-sous-marine Tu-142 en patrouille dans le golfe de Gascogne

Ces derniers jours, conçus pour la lutte anti-sous-marine, les avions de patrouille maritime russe Tu-142 « Bear F » ont enchaîné les missions près de l’espace aérien de l’Otan. Ainsi, le 7 mars, le vol de deux d’entre-eux, partis de la base de Kipelovo-Fedotovo, a donné lieu au premier décollage sur alerte d’une paire de F-35A norvégiens [ce qui, d’ailleurs, n’a pas manqué d’être souligné par Oslo].

Ayant mis le cap vers la zone d’identification aérienne britannique, ces Tu-142 ont ensuite été accompagnés par des Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force, avant de prendre le chemin du retour, sous le regard des F-35A et F-16 norvégiens.

Deux jours plus tard, deux autres Tu-142 « Bear F », ayant décollé cette fois depuis l’extrême-orient russe, ont été interceptés par des F-22A Raptor américains et des CF-18 Hornet canadien alors qu’ils volaient au-dessus de la mer de Beaufort, dans la zone d’identification de la défense aérienne de l’Alaska, à 50 milles de la côte.

Le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord [NORAD] a indiqué qu’il avait dû suivre les appareils russes pendant quatre heures, ce qui a nécessité l’engagement d’un avion ravitailleur KC-135 Stratotanker. Un E-3 Sentry « AWACS » a également été sollicité.

La présence de ces Tu-142 dans ces parages ne devait évidemment rien au hasard… étant donné qu’ils ont survolé la zone où se tient actuellement l’exercice ICEX 2020, lequel mobilise les sous-marins américains USS Toledo [classe Los Angeles] et USS Connecticut [classe Seawolf].

« Ils sont probablement à l’écoute, ils ont probablement toutes sortes d’équipements électroniques mis en place pour essayer de détecter les fréquences, le comportement et toute indication qui susceptibles de les alerter si les choses se dégradent à l’avenir », a confié Rob Huebert, un expert canadien en matière de défense, à Radio Canada.

Ce 11 mars, les Tu-142 russes ont de nouveau effectué un vol longue durée. Ainsi, deux de ces appareils, partis de la péninsule de Kola, ont longé les côtes norvégiennes pour se diriger vers la zone d’identification aérienne britannique. Les F-35A norvégiens n’ont, a priori, pas été sollicités pour aller les identifier, cette tâche ayant été assurée par les F-16 basé à Bodø.

Pour rappel, la Norvège devait organiser l’exercice Cold Response 2020, lequel prévoyait un volet maritime, la Royal Navy ayant annoncé, par exemple, l’engagement de la frégate HMS Sutherland pour un exercice de « chasse aux sous-marins ». D’où l’intérêt de l’Aviation navale russe pour cette région.

Cela étant, comme le 7 mars, la RAF a fait décoller en alerte deux Typhoon basé à Lossiemouth [Écosse]. Et ces derniers ont intercepté les deux Tu-142 alors qu’ils volaient à l’ouest des îles Shetland. Les chasseurs britanniques, soutenus par un avion ravitailleur « Voyager » [un A330 MRTT, ndlr], ont accompagné les appareils russes jusqu’à ce qu’ils mettent le cap vers le sud, c’est à dire vers le golfe de Gascogne.

Ces avions russes « russes ne respectent pas les règles de la circulation aérienne internationale, constituent un danger pour les avions de ligne et ne sont pas les bienvenus dans notre espace aérien. Les Typhoon de la RAF, aux côtés de nos alliés de l’Otan, ont assuré que ces avions russes ne présentaient aucun danger », a commenté Air Chief Marshal Mike Wigston, le chef de la Royal Air Force.

Selon l’état-major britannique, les deux Tu-142 Bear F ont ensuite été suivi par la QRA [Quick Reaction Alert] française quand ils ont pris la direction du golfe de Gascogne. Pour le moment, le ministère des Armées n’a rien dit à ce sujet.

Le cap pris par les avions russes de patrouille maritime peut s’expliquer par la présence du porte-avions Charles de Gaulle et de son escorte dans le golfe de Gascogne. Le navire amiral de la Marine nationale ayant franchi le détroit de Gibraltar pour la première fois en dix ans pour rejoindre l’Atlantique Nord. Il est attendu à Brest, le 13 mars, pour une escale. Une autre raison tient à la base de l’Île-Longue, où sont localisés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Force océanique stratégique [FOST].

Puis, les Tu-142 ont de nouveau pris « en charge » par des Typhoon de la RAF lors de leur voyage retour. Aucune précision n’a été donnée sur le temps qu’ils ont passé à patrouiller au-dessus du golfe de Gascogne avant de mettre le cap vers le nord.

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