Budget européen : Cinq pays d’Europe de l’Est veulent sauver les crédits destinés à la mobilité militaire

L’élaboration du budget pluriannuel de l’Union européenne est un casse-tête. Pour compenser le manque à gagner consécutif à la sortie du Royaume-Uni tout en trouvant de quoi financer les nouvelles priorités, notamment en matière de politique environnementale, de défense et d’innovation, il n’y a guère d’autres solutions que d’augmenter les contributions financières de la plupart des 27 pays membres.

Sauf que certains ne l’entendent pas ainsi. Tel est en effet le cas des Pays-Bas, du Danemark, de l’Autriche, de la Suède et l’Allemagne. D’où les discussions Pour d’autres, il est au contraire essentiel de donner à l’UE les moyens des ambitions qui lui ont été données par l’ensemble de ces mêmes États membres.

D’où les âpres négociations actuellement en cours… Des solutions ont cependant été avancées. Mais, à ce jour, aucune n’a suscité l’adhésion. En décembre, assurant la présidence tournante de l’Union, la Finlande a proposé de tailler dans les 13,5 milliards d’euros qu’il est question d’allouer au Fonds européen de Défense [FEDef] et de sabrer la politique spatiale, à l’heure où, justement, ce secteur fait l’objet d’une concurrence toujours plus vive entre grandes puissance. Une orientation inacceptable pour la France, qii a parlé de « ligne rouge ».

En février, lors du dernier sommet des chefs d’État et de gouvernement convoqué pour trouver une solution, de nouvelles propositions ont été faites. Sans succès. Et, désormais, il serait question de sacrifier la politique relative à la mobilité militaire au sein de l’Union européenne, en réaffectant les 6,5 milliards qu’il était initalement prévu de lui allouer.

Or, tout politique de défense européenne aurait sans doute dû commencer par cette affaire de « mobilité militaire ». En effet, actuellement, faire passer une unité d’un pays membre à un autre peut s’avérer très compliqué, en raison de l’état des infrastructures, construites selon des normes différentes et des tracasseries administratives. Cela avait été mis en lumière dans un rapport de l’Otan, ce dernier ayant estimé que les Alliés ne serait pas en mesure de faire face à une agression russe dans l’est de l’Europe.

Aussi, le Service européen pour l’action extérieure [SEAE] s’était saisi du dossier et proposa de mettre en place un « Schengen militaire », avec une dotation de 6,5 milliards d’euros pour la période 2021-27. Une dotation qui est donc menacée.

Comme on pouvait s’y attendre, les trois pays baltes et la Pologne, qui s’estiment menacés par la Russie [d’où les mesures de réassurance prises par l’Otan à leur égard] entendent que ces crédits devant financer la mobilité militaire au sein de l’UE soient maintenus. La Roumanie les a rejoints.

« L’Union européenne doit trouver des fonds pour assurer une circulation plus rapide des forces armées à travers le continent », ont ainsi plaidé les ministres de la Défense de ces quatre pays, dans un texte commun auquel l’AFP a eu accès.

« L’ambition de l’UE de devenir un acteur plus fort pour pouvoir faire face aux risques pour la sécurité les plus imminents sera sérieusement compromise si la mobilité militaire est laissée sans financements adéquats dès le départ », ont-ils ajouté, exhortant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, « à « respecter les engagements » pris par ce plan qui, par ailleurs, est une « initiative phare pour la coopération entre l’Otan et l’UE. »

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