Pour la première fois, des F-35 ont décollé en alerte pour identifier des avions de patrouille maritime russes

Jusqu’en 2006, la défense aérienne de l’Islande était assurée par l’US Air Force. Seulement, après le désengagement de cette dernière, des avions militaires russes ne tardèrent pas à se montrer dans les cieux islandais. Ce qui amena Reykjavik à demander, lors du sommet de Riga, l’assistance de l’Otan pour assurer la surveillance et la protection de son espace aérien. D’où le lancement de la mission « Icelandic Air Policing », dont le premier mandat fut assuré par des Mirage 2000 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes.

Ces dernières années, cette mission a gagné en importance en raison de l’évolution du contexte sécuritaire, l’Islande ayant ainsi retrouvé l’importance stratégique et militaire qu’elle avait par la passé, notamment durant la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide [« Qui contrôle l’Islande a dans les mains un revolver pointé sur l’Angleterre, les Etats-Unis et le Canada », avait résumé le géopoliticien allemand Karl Haushofer].

Quoi qu’il en soit, en octobre 2019, pour la première fois, des avions furtifs F-35A furent engagés dans la mission Icelandic Air Policing, le 13e Gruppo [escadron] de l’Aeronautica Militare ayant déployé six appareils de ce type sur la base aérienne de Keflavik pour une durée de trois semaines seulement. Ce qui laissait présager une éventuelle « rencontre » entre ces derniers et les bombardiers stratégiques russes, habitués à patrouiller dans le secteur. Mais il n’en fut rien.

Depuis une semaine, des F-35A ont de nouveau été déployés à Keflavik, la force aérienne royale norvégienne [Luftforsvaret] ayant engagé quatre exemplaires, mis en oeuvre par l’escadron 332, dans le cadre de cette mission de l’Otan.

Cependant, ce ne sont pas ces quatre F-35A envoyés à Keflavik qui ont été sollicités pour identifier et accompagner, le 7 mars, une formation de deux avions russes de reconnaissance maritime et de guerre anti-sous-marine de type Tu-142, escortés par un chasseur MiG-31 « Foxhound », dans une zone située au sud du secteur appelé GIUK [Groenland-Islande-Royaume-Uni]… mais ceux restés à la base d’Ørland.

Ainsi, avance la Luftforsvaret, la formation russe a été détectée par la station radar de Sørreisa. Dans un premier temps, deux F-16 en alerte sur la base de Bodø ont décollé pour effectuer une première identification. Et, ensuite, « deux F-35 basés à Ørland ont pris le relais ».

« Les forces armées surveillent en permanence l’espace aérien au-dessus et autour de la Norvège. Chaque fois qu’un appareil inconnu arrive près de l’espace aérien norvégien, des avions de chasse de la Luftforsvaret décollent pour l’identifier. Cette mission, appelée ‘Quick Reaction Alert’ [QRA], se fait dans le cadre de l’Otan. Jusqu’à présent, le F-16 a rempli cette mission depuis Bodø, mais samedi le F-35 a effectué cette mission pour la première fois », a expliqué l’état-major norvégien.

Les Tu-142 « Bear F » et le Mig-31 russes ayant mis le cap vers le sud, la Royal Air Force a fait décoller ses Eurofighter Typhoon depuis les bases de Lossiemouth [Écosse] et de Coningsby [Lincolnshire, en Angleterre] pour aller à leur recontre. Un avion-ravitailleur A330 MRTT a été mobilisé à cette occasion.

« Il s’agissait d’une mission de routine menée en réponse à des avions russes approchant l’espace aérien britannique. Elle a été coordonnée avec plusieurs autres alliés de l’Otan », a expliqué la RAF, dans un communiqué.

Ayant mis le cap vers le nord, les deux Tu-142 de l’aviation navale russe ont de nouveau été escortés par deux F-35A, puis par deux F-16 norvégiens.

De son côté, la Flotte russe du Nord a indiqué que deux avions de lutte anti-sous-marine Tu-142 ont effectué des « vols au-dessus des eaux neutres des mers de Barents, de Norvège et du Nord, ainsi que de l’océan Atlantique » en prévision de l’exercice Cold Response 2020 qui doit avoir lieu en Norvège. « Les vols ont été menés en stricte conformité avec les règles internationales de l’utilisation de l’espace aérien », a-t-elle assuré.

Pour la Luftforsvaret, ce qu’il s’est passé le 7 mars, avec cette première intervention de ses F-35A, est « historique ». En outre, s’est félicité son chef d’état-major, Mme le général Tonje Skinnarland, la mission assurée ce jour-là démondre « la capacité de l’aviation de chasse norvégienne », et en particulier celle des F-35A, « à assurer des missions QRA de l’Otan à la fois depuis l’Islande et la Norvège ».

Pour rappel, « la mission de police du ciel de l’Otan exige que le système de surveillance et de contrôle aériens , la structure de commandement et de contrôle aériens et les intercepteurs en alerte de réaction rapide soient disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Elle permet à l’Alliance de détecter, de poursuivre et d’identifier dans toute la mesure du possible tous les objets aériens qui s’approchent de l’espace aérien de l’Otan ou qui y opèrent, afin que les violations et transgressions puissent être repérées et que les mesures appropriées puissent être prises », précise l’organisation.

Au total, la Luftforsvaret doit disposer de 52 F-35A, lesquels seront affectés à Ørland, à Evenes ainsi qu’à Rygge. Pour le moment, 22 exemplaires lui ont été livrés [15 sont basés en Norvège, les 7 autres étant encore aux États-Uni, ndlr]. Ses F-16 continueront d’être affectés aux missions QRA de l’Otan jusqu’en 2022.

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