Ex-responsable de l’Otan, un diplomate tchèque a été nommé directeur de l’Agence européenne de Défense

Créée en 2004 afin de faciliter et soutenir les projets visant à développeer les capacités militaires de 26 pays membres de l’Union européenne [le Danemark ne participant pas à la Politique de sécurité et de défense commune, ndlr], l’Agence européenne de Défense [AED] est appelée à jouer un rôle plus important que par le passé avec la mise en place du Fonds européen de Défense [FEDef], dont les moyens à venir sont, pour le moment, incertains.

Le mandat de son actuel directeur général, l’Espagnol Jorge Domecq, arrivant à échéance, un diplomate tchèque a été désigné pour lui succéder. En effet, Jiří Šedivý, 56 ans, prendra les rênes de l’AED à partir d’avril prochain.

« Son expérience diplomatique et ministérielle et sa profonde connaissance du domaines de la défense et de la sécurité européenne et transatlantique en font le candidat idéal pour diriger l’AED dans les prochaines années », a commenté Josep Borell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, lequel assure la présidence de cette structure européenne qui emploie 140 personnes à Bruxelles.

Diplôme de l’Université Charles de Prague [science politique] et du déparement « War Studies » du King’s College de Londres, M. Šedivý a notamment dirigé l’Institut des relations internationales relevant du ministère tchèque des Affaires étrangères avant d’enseigner au Centre européen d’études de sécurité George C. Marshall, installé en Allemagne. Puis, en 2006, il a été nommé ministre de la Défense, puis, l’année suivante, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. Cette expérience sera de courte durée puisque, en août 2007, il devient secrétaire général adjoint de l’Otan chargé de la politique de défense. Fonction qu’il occupera durant trois ans. En 2012, il est nommé représentant de la République Tchèque auprès de l’Alliance. Un poste qu’il a quitté en 2019.

La nomination de M. Šedivý survient alors que l’AED aura à travailler avec de la Direction générale pour la Défense créée en octobre dernier au sein de la Commission européenne… Et au moment où les projets européens en matière de défense, notamment le FEDef, sont critiqués par les États-Unis, quand ils ne sont pas regardés d’un oeil suspicieux par l’Otan.

En attendant, faute d’accord entre les 27 sur le cadre pluriannuel financier de l’UE, l’enveloppe qui sera allouée au FEDef est incertaine, alors qu’elle devait initialement s’élever à un peu plus de 13 milliards d’euros pour la période 2021-27. Pour la France, toute réduction de ce montant est une « ligne rouge ».

Visiblement, le club dit des « 4+1 » [Pays-Bas, Danemark, Autriche, Suède, et l’Allemagne], qui s’oppose à toute augmentation du budget européen, semble être en mesure d’imposer ses vues. Du moins, c’est ce qu’a laissé entendre Charles Michel, le président du Conseil, devant les députés européens, le 5 mars.

Préserver les investissements prévus au titre du FEDef pourrait donc passer par une remise en cause de la politique relative à la mobilité militaire au sein de l’Union ou, selon le Point, à des coupes dans les 75 milliards d’euros dédiés à l’Instrument de voisinage, de développement et de coopération internationale, qui relève des services de M. Borrell.

« Les grandes puissances telles que la France n’ont jamais tout à fait adhéré à cette diplomatie parallèle », relève l’hebdomadaire. « Au départ, cela devait être une petite entité qui devait aider à la coordination et faciliter la résolution des conflits, mais, au fil du temps, la chose nous a échappé et on s’est retrouvé avec une vraie administration qui emploie des centaines de fonctionnaires avec des ambassades dans le monde entier », a fait valoir un diplomate français dans les colonnes de ce dernier.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]