Succès du premier tir de qualification du missile Anti-Navire Léger franco-britannique

Conformément aux engagements pris par la France et le Royaume-Uni via les accords de défense dits de « Lancaster House », signés en novembre 2010, MBDA s’était vu confier un contrat de 600 millions afin de développer, dans le cadre de l’initiative « One Complex Weapon », le missile Anti-Navire Léger [ANL ou Sea Venom pour les Britanniques].

Dans les faits, et même s’il vise à remplacer les missiles anti-navire Sea Skua et AS15TT, qui sont peu ou prou de la même génération, ce programme n’était pas prioritaire pour la Marine nationale, contrairement à la Royal Navy. Du moins, c’est ce qu’avait expliqué l’amiral Édouard Guillaud, ex-chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire, en juin 2013. « La volonté politique a soutenu l’anti-navire léger, qui impose désormais au DGA [Délégué général pour l’armement, ndlr] et à moi-même de trouver des solutions non pas techniques, mais d’allocation des crédits dont nous disposons, même si ce programme répond à un besoin militaire avéré », avait-il expliqué.

Quoi qu’il en soit, ce projet est allé de l’avant. Et, le ministère des Armées a annoncé, ce 6 mars, le succès du premier tir de qualification du missile ANL.

« Le tir a été réalisé le 20 février dernier sur le site de la Direction générale de l’armement, DGA Essais de missiles, situé au large de l’Île du Levant [Var], à partir d’un hélicoptère banc d’essai de DGA Essais en vol », précise le ministère. « Suite aux tirs de développement réalisés en 2017 et en 2018, ce tir marque, à l’aube du 10e anniversaire de ce traité, le franchissement d’une étape majeure vers la mise en service d’une nouvelle capacité anti-navire dans la Marine nationale et la Royal Navy », a-t-il souligné.

Dans le détail, cet essai de qualification a consisté à effectuer un tir à longue portée de l’ANL à très basse puis à moyenne altitude, avec une acquisition automatique de la cible en milieu de course [Lock On After Launch – LOAL]. Ce qui a permis, avance le ministère des Armées, de « mettre en œuvre pour la première fois la capacité novatrice du mode ‘homme dans la boucle' », c’est dire que le missile a retransmis les images de la cible à l’équipage de l’hélicoptère, ce dernier ayant alors pu modifier le point d’impact de l’engin.

Cette fonction « homme dans la boucle » est rendue possible par un autodirecteur infrarouge et une liaison de données bidirectionnelle permettant de transmettre des informations en temps réel du missile vers l’hélicoptère et réciproquement.

Pour rappel, d’une masse d’environ 100 kg, dont 30 kg de charge explosive, et destiné à équiper les Lynx Wildcat AW159 de la Royal Navy ainsi que le futur Guépard de la Marine nationale, l’ANL doit pouvoir détruire des cibles navales [de la vedette rapide à la corvette] comme terrestres. Selon un rapport parlementaire publié en 2018, il est question de lui donner une capacité de guidage par laser semi-actif afin de permettre à un « opérateur tiers de désigner une cible située en dehors du champ de vision du lanceur. »

Photo : DGA

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