La Marine nationale cherche à protéger ses navires de la menace des micro-drones aériens
Parmi les menaces « asymétriques » susceptibles d’affecter la sécurité d’un navire de surface, on cite volontiers les « drones » de surface chargés d’explosifs ou les embarcations « suicides » [voir l’attentat contre le destroyer américain USS Cole ou le pétrolier Limbourg] ou encore les mines.
La prolifération de missiles anti-navires, comme c’est le cas au Yémen avec la milice Houthis, constitue un autre risque. « Je pense que nous ne sommes pas loin du jour où un missile antinavire sera tiré contre un bâtiment français », avait d’ailleurs confié l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale. « Il faudra pouvoir les détecter et les intercepter. C’est un des grands sujets de la prochaine décennie », a-t-il estimé.
Une autre menace est plus rarement – pour ne pas dire jamais – évoquée : celle des drones aériens, lesquels peuvent, à l’approche des côtes, espionner ou perturber les opérations à bord d’un navire [comme cela est arrivé à l’US Navy dans le golfe persique, ndlr], voire l’attaquer s’ils sont chargés d’explosifs.
Pour autant, la Marine nationale s’y prépare. En effet, selon la synthèse hebdomadaire de l’actualité que vient de diffuser le ministère des Armées, le Centre d’expertise des programmes navals [CEPN] a mené des expérimentations en ce sens dans la grande rade de Toulon, avec le Chaland multi-missions [CNM] Grillon, récemment entré en service.
« Pendant plusieurs heures […], le bâtiment a subi les raids répétés de micro drones », qui étaient en réalité des « plastrons représentatifs des menaces asymétriques émergentes auxquelles les bâtiments de la Marine peuvent être confrontés aux approches des côtes. » Une vingtaine de passes de drones aériens ont ainsi été assurées par les télé-pilotes du Centre d’expérimentation pratiques et de réception de l’aéronautique navale [CEPA/10S].
La Marine nationale reste discrète sur les technologies utilisées pour contrer ce type de menace, se bornant à indiquer que les équipes du CEPN « ont mis en œuvre les senseurs disposés sur la plateforme arrière du Grillon », « coordonné les cinématiques des drones par radio et dirigé le bâtiment par interphone avec la passerelle. » Au final, tous les drones ont été détectés, 50% ont été neutralisés et ‘l’unique drone ‘perdable’ été pris sous le contrôle des opérateurs embarqués sur le Grillon », précise-t-elle.
« Cet entraînement à la mer a permis de valider les capacités des CMM comme navire d’essais et d’expérimentation en zone côtière, d’identifier les capacités du matériel de détection, d’identification et de neutralisation mis à disposition du CEPN et d’évaluer les distances de détection électromagnétiques, acoustiques et optiques des micro drones aériens en zone côtière », a conclu la Marine nationale.
Le CEPN est une unité récente. Comptant une centaine de marins, militaires et civils, il porte l’innovation au sein de la Marine nationale, notamment pour tout ce qui a trait aux navires de surface et aux sous-marins. Il est organisé selon plusieurs sections correspondant à un domaine d’activité [systèmes de combat, guerre des mines, systèmes d’informations et de commandement, manœuvre, etc].
Photo : Marine nationale