Les porte-avions Charles de Gaulle et USS Dwight D. Eisenhower échangent des avions en Méditerranée

Un mois après son départ de Toulon au titre de la mission Foch et trois semaines passées en Méditerranée orientale, où il a été engagé dans l’opération Chammal et participé à plusieurs exercices avec des forces armées alliées, le groupe aéronaval constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle [TF473] a mis le cap vers l’océan Atlantique.

De son côté, le porte-avions américain USS Dwight D. Eisenhower, mis à la disposition de la Deuxième flotte de l’US Navy, récemment réactivée, est directement parti en mission à l’issue de sa remontée en puissance.

Ayant traversé l’Atlantique après avoir pris part à un exercice visant à protéger les voies de navigation entre l’Amérique du Nord et l’Europe et auquel la frégate multimissions [FREMM] Normandie a pris part, le porte-avions américains a transité par le détroit de Gibraltar, le 29 février, pour assurer une mission de « sécurisation maritime » dans les eaux de la Méditerranée, en compagnie du croiseur USS San Jacinto, des destroyers USS James E. Williams et USS Truxtun ainsi du navire logistique USNS Robert E. Peary.

Ces mouvements ont donc permis aux groupes aéronavals français et américain de se rencontrer en Méditerranée centrale. Et d’organiser ainsi un exercice de type « Cross Deck ». Ce qui est relativement rare, même si la Marine nationale et l’US Navy ont atteint un haut niveau d’interopérabilité, notamment grâce à la même configuration CATOBAR [catapultes et brins d’arrêts] de leurs porte-avions respectifs.

Ainsi, le 3 mars, un F/A-18E Super Hornet du Strike Fighter Squadron [VFA] 83 a apponté à bord du porte-avions Charles de Gaulle avant d’en être catapulté. Et des Rafale Marine ont fait la même chose à bord de l’USS Dwight D. Eisenhower.

« Au total, deux aviateurs navals américains pilotant le F/A-18E Super Hornet et quatre équipages de Rafale et de E-2C Hawkeye ont été impliqués dans cet exercice », précise l’US Navy.

« Ce fut un honneur de participer à la toute première récupération du F/A-18E Super Hornet à bord du Charles de Gaulle », a commenté le capitaine de corvette Nick Smith. « L’intégration des systèmes et opérations français et américains souligne non seulement la compatibilité de nos pratiques et procédures mais aussi la force de notre alliance », a-t-il ajouté.

Cependant, ce n’est pas la première fois que le porte-avions français accueille à son bord un F/A-18E Super Hornet.

Ce fut en effet déjà le cas en janvier 2014, à l’occasion de la mission « Bois Belleau ». À l’époque, selon la Marine nationale, un Rafale M avait été catapulté depuis le pont d’envol de l’USS Harry S. Truman tandis qu’un F/A-18E Super Hornet avait été « mis en oeuvre par les équipes de pont d’envol du porte-avions Charles de Gaulle ».

Ce qui était alors inédit, les interactions des pilotes américains avec le navire français s’étant limitée jusqu’alors à des « touch and go ». En effet, l’US Navy était plutôt réticente à faire apponter ses pilotes sur le pont du Charles de Gaulle, aux dimensions plus réduites que ses homologues américains de la classe Nimitz [avec une piste oblique de 203 mètres et des capatapulte de 75 mètres, contre respectivement 243 mètres et 94 mètres, ndlr].

Cela étant, un an plus tard, un palier ayant été franchi, un exercice similaire fut réalisé dans le golfe persique. Mais avec, cette fois, des F/A-18C Hornet de l’USS Carl Vinson.

Quoi qu’il en soit, ce « cross deck » entre les porte-avions Charles de Gaulle et USS Dwight D. Eisenhower illustre « l’effort continu des deux marines pour opérer côte à côte et démontrer leur puissance en tant que force combinée », fait valoir l’US Navy.

Ce n’est pas la première fois que les deux porte-avions opèrent côte à côte, les deux porte-avions ayant en effet déjà mené des opérations conjointes dans le cadre de la coalition anti-jihadiste [opération Inherent Resolve] depuis la Méditerranée, en 2016.

Pour le contre-amiral Marc Aussedat, commandant de la Task Force 473. , ce dernier exercice entre le Charles de Gaulle et l’USS Dwight D. Eisenhower marque le « haut degré d’interopérabilité entre nos deux marines ». Et d’ajouter : « Il est un moyen concret d’améliorer notre savoir-faire pour opérer ensemble, partager des informations tactiques, récupérer et catapulter des avions indifféremment sur l’un ou l’autre porte-avions et associer notre esprit combattif dans un environnement maritime complexe dans un large éventail de missions ».

Photo : Un F/A-18E Super Hornet apponte sur le porte-avions Charles de Gaulle (c) US Navy

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