L’américain General Atomics dévoile le concept « Defender », avec un drone dédié au combat aérien
Pendant près de 20 ans, l’US Air Force a intensivement utilisé ses drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper, fournis par le constructeur General Atomics, dans ses opérations de contre-insurrection et de contre-terrorisme lancées après les attentats du 11 septembre 2001.
Mais cela sera probablement moins vrai à l’avenir, la priorité des forces américaines étant, selon la nouvelle stratégie de défense des États-Unis, de se concentrer sur les défis posés par la Chine et la Russie, la lutte contre le terrorisme passant au second plan. D’où le souhait de l’US Air Force de mettre un terme à ses achats de MQ-9 Reaper dès l’exercice budgétaire 2021, les derniers appareils devant être livrés cette année. Pour rappel, elle a déjà retiré du service ses MQ-1 Predator en 2018.
« Conformément à l’orientation de la stratégie de défense nationale de 2018, qui prévoir d’accepter des risques à court terme en échange de l’amélioration des capacités à long terme, l’Air Force réoriente ses investissements vers une meilleure préparation et une létalité accrue pour des opérations contre des adversaires ayant quasiment les mêmes capacités », a expliqué un porte-parole à Air Force Magazine.
Étant donné que l’accent est désormais mis sur les opérations en environnement contesté, il est évident que les MQ-9 Reaper ne peuvent plus faire l’affaire.
Seulement, cette décision est de nature à mettre General Atomics en difficulté, même si l’industriel a obtenu des commandes au Royaume-Uni et en Belgique pour son MQ-9B SkyGuardian.
« L’arrêt brutal de la chaîne de production sans plan de transition met en péril l’entreprise », a fait valoir Chris Pehrson, vice-président de General Atomics pour le développement stratégique. « Nous aurons du chômage ou serons obligés de licencier dans certains domaines de compétences si nous ne trouvons pas un moyen de combler cette baisse de la demande immédiatement avec un autre nouveau produit ou une nouvelle capacité », a-t-il ajouté.
Or, en 2018, General Atomics a perdu, au profit de Boeing, le contrat relatif aux drones ravitailleurs destinés à l’US Navy. Pour ce marché, le constructeur avait mis imaginé un nouvel appareil qui, appelé « Avenger », devait être propulsé par un réacteur Pratt & Whitney. D’une longueur de 13,5 mètres pour une envergure de 22 mètres, il devait être en mesure de voler à 740 km/h à 15.000 mètres d’altitude.
Visiblement, le projet « Avenger » n’a pas été totalement écarté. Du moins, il a été recyclé pour donner corps à un autre concept que General Atomics a dévoilé le 27 février, via Twitter, à l’occasion dy symposium « Air Warfare 2020 ».
Capable of protecting the @USAF’s high value airborne assets (HVAA) in a contested environment makes the Defender a critical piece of the Future Force#AWS20 #AFA pic.twitter.com/i67eHno3ZU
— GA-ASI (@GenAtomics_ASI) February 27, 2020
Reposant sur un appareil baptisé « Defenfer » [mais qui reprend les grandes liges de l’Avenger], ce concept vise à mettre au point un drone capable « de protéger les actifs aériens de haute valeur [AWACS, avions ravitailleurs, etc] de l’US Air Force dans un environnement contesté ». Et d’ajouter : « Le Defender est un élément critique de la Future Force ».
Hormis la ressemblance avec l’Avenger, l’image publiée par General Atomics pour illustrer son nouveau concept est avare de détails. Si ce n’est que ce « Defender » pourra emporter des missiles air-air [des AIM-120 AMRAAM?] tout en ayant la capacité d’être ravitaillable en vol.
La Darpa, l’agence de recherche du Pentagone, a récemment levé le voile sur un projet de drone pouvant emporter des missiles air-air. Mais à la différence du concept de General Atomics, cet appareil, appelé « Longshot« , doit pouvoir être largué en vol par un avion de chasse ou par un bombardier. En outre, il est question qu’il soit subsonique [voire supersonique], tout en présentant une une faible signature radar.
Par ailleurs, cette même Darpa poursuit le développement d’une intelligence artificielle, appelée AlphaDogfight, capable de livrer des combats aériens. L’agence a ainsi sélectionné 8 équipes pour prendre part aux AlphaDogfight Trials, une compétition « virtuelle » conçue pour « démontrer que des algorithmes avancés d’intelligence artificielle peuvent effectuer des manoeuvres de combat aérien simulé à portée visuelle. »
Ces évolutions apportent de l’eau au moulin à Elon Musk, le Pdg de SpaceX et de Tesla. Lors du symposium pour lequel General Atomics a dévoilé son projet Defender et alors qu’il était interrogé sur sa vision du combat aérien futur, l’entrepreneur a visiblement suscité quelques sourires parmi les aviateurs de l’assistance en affirmant l’ère des avions de combat allait être bientôt terminée, les drones autonomes étant appelés à prendre leur place.
« Les drones autonomes sont le futur. Ce n’est pas que je veuille que l’avenir soit ainsi mais c’est inéluctable… L’ère des avions de chasse est révolue », a en effet affirmé M. Musk. Et face à un tel appareil, un F-35 n’aurait aucune chance, a-t-il insisté, sur Twitter.