Le gouvernement espagnol et Airbus DS rivalisent pour fournir des avions de combat Eurofighter à la Colombie
En raison des tensions récurrentes avec Caracas, la Force aérienne colombienne [Fuerza Aérea Colombiana – FAC] estime qu’elle doit moderniser impérativement son aviation de combat afin de pouvoir rivaliser, le cas échéant, avec les Su-30 « Flanker C » de son homologue vénézuélienne.
Or, pour le moment, les capacités de la FAC reposent sur une vingtaine d’avions Kfir acquis auprès d’Israël dans les années 1980. La conception de ces appareils est ancienne puisqu’elle repose sur les plans du Mirage IIIS de Dassault Aviation. Dotés d’un réacteur General Electric J79 et d’une avionique de facture israélienne, ils ont été modernisés au fil du temps. Mais leur vie opérationnelle doit normalement se terminer en 2025.
En juillet 2019, le ministère colombien de la Défense a indiqué qu’il comptait investir un milliard de dollars, au moins, pour acquérir de nouveaux avions de combat, dans le cadre, a priori, d’une procédure de gouvernement à gouvernement. L’Espagne, la Suède et les États-Unis étaient alors prêts à proposer respectivement l’Eurofighter, le Gripen E/F et le F-16V. Et il a été rapporté que la France était également dans le coup, avec une offre reposant sur 12 Rafale C F3.
Cependant, la position de l’Espagne est assez inédite dans cette affaire. En effet, son ministère de la Défense a proposé de céder à la FAC 12 Eurofighter Typhoon d’occasion de la tranche 1, c’est à dire la première version de cet appareil développé par le consortium Eurofighter, lequel réunit BAE Systems, Airbus DS et Leonardo.
Or, justement, la semaine passée, Airbus DS a également fait une offre à Bogota, en proposant 15 Typhoon neufs de la tranche 3 [dont deux biplace]. Selon Ivan Gonzalez, responsable d’Airbus DS, cette proposition serait « la meilleure option pour la Colombie. »
« Le pays a besoin d’un chasseur multirôle avancé et l’Eurofighter est l’avion qui répond le mieux à cette exigence. En outre, l’Eurofighter a une supériorité air-air inégalée par rapport aux autres concurrents, ainsi qu’une supériorité air-sol déjà démontrée dans des opérations réelles », a fait valoir M. Gonzalez auprès du magazine Janes.
« De plus, il est important de considérer que dans le cas où la Colombie opterait pour une flotte Eurofighter, elle rejoindrait le plus grand programme de défense européen, ce qui permettrait également au pays de profiter des avantages technologiques et économiques associés à ce programme », a-t-il ajouté.
Seulement, comme l’explique le site specialisé InfoDefensa, « cette campagne d’exportation de l’Eurofighter en Colombie […] est dirigée par l’Espagne et implique l’assemblage des avions à l’usine d’Airbus DS à Getafe. »
Et cela ne simplifie donc pas l’équation, d’autant plus que le choix de Madrid en faveur d’Indra pour participer au programme européen SCAF [Système de combat aérien du futur], aux dépens de la filiale espagnole d’Airbus DS, a crispé les relations entre le gouvernement espagnol et l’industriel.
Cela étant, et selon InfoDefensa, l’état-major de la FAC nourrit quelques doutes à l’endroit de l’Eurofighter, notamment au sujet de leurs coûts d’exploitation, qu’il estimerait trop élevés.