L’armée française invitée à défiler à Moscou pour les 75 ans de la victoire contre l’Allemagne nazie

Pour le 65e anniversaire de la victoire contre l’Allemagne nazie, un détachement de l’armée de l’Air, avec, à sa tête, le drapeau du régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen, dont les traditions avaient été mises en sommeil en 2009, avait défilé à Moscou, à l’occasion de la grande parade militaire organisé chaque 9 mai par le ministère russe de la Défense.

La présence symbolique du Normandie-Niémen [ou Neu-Neu] était important aux yeux des russes, étant donné l’estime qu’ils portaient [et portent encore] à cette unité française venue combattre à leurs côtés durant la Seconde Guerre Mondiale.

Engagée sur le front russe entre 1942 et 1945, le groupe de chasse Normandie-Niémen effectua 5.240 missions, au cours desquels il livra 869 combats aériens et obtint 273 victoires, au prix de 41 pilotes tués ou portés disparus. Et il compta dans ses rangs 21 Compagnons de la Libération.

Cela étant, les relations entre Paris et Moscou se sont depuis refroidies, en raison, notamment, de l’annexion de la Crimée et du conflit dans le sud-est de l’Ukraine, ou encore de la situation en Syrie. Cependant, en août dernier, le président Macron a dit vouloir renouer le dialogue avec la Russie, tout en restant lucide sur les menées de cette dernière et sans rien céder sur la sécurité de l’Europe.

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le 15 février, M. Macron a en effet estimé que la Russie « allait continuer à essayer de déstabiliser » les démocraties occidentales en chechant à s’immiscer dans les processus électoraux, via des manipulations sur les réseaux sociaux.

« Ce que j’ai proposé, ce n’est pas de dire soudainement les choses vont changer, vous allez voir, embrassons-nous », a ensuite expliqué le président français au sujet de son offre de dialogue avec Moscou. « On est exigeant, on ne cède rien sur nos principes mais on réengage le dialogue qui va prendre du temps, on réengage un dialogue stratégique parce qu’aujourd’hui la situation dans laquelle on est est la pire », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, il est d’ores et prévu que M. Macron soit présent à Moscou le 9 mai prochain. Sera-t-il accompagné par un détachement militaire français? En tout cas, le chef d’état-major russe, le général Valeri Guerassimov, le souhaite.

« Nous honorons profondément la mémoire des soldats français ayant combattu avec l’Armée rouge contre un ennemi commun et serions heureux de voir un contingent français parmi les participants de la parade de la Victoire », a en effet déclaré le général Guerrasimov, après avoir rencontre son homologue français, le général François Lecointre, le 27 février.

Le chef d’état-major russe a appelé à un dialogue « direct et ouvert » avec la France, alors que, jusqu’à présent, les contacts entre Paris et Moscou au niveau militaire paraissent plutôt timides. Au passage, il a également fait part de sa « sérieuse inquiétude » au sujet du « renforcement de l’activité militaire de l’Otan aux frontières de la Russie ».

« Les exercices militaires prévus prochainement [Defender 2020, ndlr] se déroulent sur la base de scénarios anti-russes anticipant des opérations offensives », a estimé le général Guerrasimov [qui a oublié les manoeuvres Zapad 2017 en Biélorussie…]. Et d’ajouter que, en « l’absence de dialogue », ces exercices comportent « clairement un caractère provocateur » à l’égard de la Russie. « Nous sommes prêts à discuter de ces problèmes ouvertement et franchement », a-t-il conclu.

Comme l’a rappelé Pierre Vimont, l’envoyé spécial du président Macron pour l’architecture de sécurité et de confiance avec la Russie lors d’une récente audition au Sénat, l’un des enjeux du dialogue avec Moscou vise à instaurer des « contacts entre chefs d’État-major » et de « mettre en place des canaux de désescalade dans tous les domaines où cela peut-être utile et nonobstant d’éventuels différends avec nos interlocuteurs russes : cyberattaques, environnement, exploration en Arctique, coopération sur l’industrie spatiale et nucléaire, droits de l’homme, contacts entre sociétés civiles en vertu du dialogue de Trianon entamé dès 2017, conflits qui se déroulent actuellement en Ukraine, en Géorgie, en Moldavie, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en Syrie, en Libye ou encore en Afrique. »

Quant à l’intérêt que la Russie pourrait trouver à établir un dialogue avec la France, M. Vimont a donné deux explications possibles. La première est que cela pourrait, aux yeux de Moscou, « diviser les Européens » ou « entamer l’unité européenne », ce qui « n’est pas l’objectif » de Paris, a-t-il dit. La seconde, étant donné que la France tente de jouer un rôle moteur dans le renforcement de l’Union européenne, il est important pour les Russes « de bien comprendre et de dialoguer ».

Photos : #1 O. Ravenel / armée de l’Air #2 ministère russe de la Défens

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