Armée de l’Air : L’idée de louer des hélicoptères de transport lourds avant d’en acquérir se précise

De par les modes d’action qu’ils permettent, les hélicoptères de transport lourds [HTL] CH-47 Chinook et AW-101 Merlin, déployés au Mali par le Royaume-Uni et le Danemark, sont vite devenus indispensables à la force Barkhane. Et l’État-major des armées [EMA] ne manque rarement de le souligner dans ses « points de situation » hebdomadaires des opérations.

Cela n’est guère surprenant étant donné que l’EMA exprime depuis maintenant longtemps le besoin de disposer d’une telle capacité. En 2014, un rapport du Sénat avait même plaidé pour acheter quelques CH-47 Chinook d’occasion afin de combler ce vide capacitaire… que le Commandement des opérations spéciales [COS] ne cesse de déplorer.

Pourtant, au début des années 2000, la France et l’Allemagne avaient envisagé de développer conjointement un tel appareil, la Bundeswehr anticipant la nécessité de remplacer ses CH-53G Stallion. Seulement, ce programme, appelé Heavy Transport Helicopter [HTH], n’a pas eu de suite…

Cependant, et malgré l’insistance du COS à disposer de tels hélicoptères, qui, selon l’un de ses anciens chefs, « permettraient d’envisager de nouveaux modes d’action, plus à même de contrer les menaces futures, au même niveau que nos alliés d’outre-Atlantique et d’Europe », la Loi de programmation militaire 2019-25 a fait l’impasse sur cette capacité. Ce qu’avait valu à l’armée de l’Air quelques critiques teintées d’ironie de la part du général Jean-Pierre Bosser, l’ex-chef d’état-major de l’armée de Terre.

Cela étant, au cours d’une audition parlementaire relative au projet de loi de finances initiale 2020, le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], avait indiqué qu’une réflexion était en cours pour « la location de ce type de capacité ». Et, il avait aussi précisé que « la possibilité de former des pilotes » d’hélicoptères de transport lourd « en liaison avec des partenaires comme l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni » était aussi examinée.

Lors de la conférence « International Military Helicopter », qui vient de se tenir à Londres, le colonel Bruno Paupy, chef adjoint de la division « plans, programmation et évaluation » à l’EMAA, a confirmé les projets de l’armée de l’Air en matière d’hélicoptères de transport lourds. Du moins, selon ses propos qui ont été rapportés par le magazine Aviation Week, lequel n’a pas oublié de préciser que la « France est l’un des rares pays européens à ne pas disposer de cette capacité ».

« L’armée de l’Air cherche à obtenir quelques aéronefs par crédit-bail afin de les essayer avant de procéder à leur acquisition », a dit le colonel Paupy en évoquant les hélicoptères de transport lourds. Et il a également confirmé qu’une coopération avec des forces partenaires dotées de cette capacité était envisagée pour « apprendre à tirer le meilleur parti » de ce type d’appareil.

La location de tels hélicoptères permettrait de garder les équilibres définis par la Loi de programmation militaire en vigueur. Et cela ouvrirait la voie à une éventuelle acquisition « patrimoniale » après 2025. Combien d’appareils seraient concernés? Le colonel Paupy ne l’a pas précisé. En revanche, il a indiqué que l’armée de l’Air veut un hélicoptère « capable d’effectuer des missions en territoire ennemi. » Et d’ajouter : « Vous pouvez donc deviner quelle version nous voulons. »

A priori, il s’agirait d’appareils de type MH-47G, une évolution du CH-47 Chinook mise au point pour les forces spéciales américaines.

Cela étant, l’armée de l’Air ne peut pas se permettre de se passer d’hélicoptères de transport lourds trop longtemps. Ces appareils lui permettraient en effet de compléter les capacités de ses avions de transport A400M Atlas. Selon les explications données par le général Lavigne, ces derniers, s’ils peuvent opérer depuis des terrains sommaires, présentent des dimensons qui « ne lui permettent pas de faire la même chose que les Transall C-160 ».

Par ailleurs, le colonel Paupy a également donné des précisions plus générales sur les hélicoptères dont disposera l’armée de l’Air à l’horizon 2030. Sans surprise, les Fennec seront remplacés par les H160M Guépard, lequels pourront être ravitaillés en vol. En outre, les H225M Caracal, dont le nombre en service est appelé à augmenter [afin de remplacer les Puma, ndlr], seront modernisés et portés au standard 2. Il s’agira notamment de traiter leurs obsolescences et de les doter de la Liaison 16.

Par la suite, il s’agira de développer une nouvelle génération d’hélicoptères afin de remplacer les Caracal vers 2040. Ce prochain appareil devra être compatible avec le Système de combat aérien futur [SCAF] afin qu’il fasse partie de ce « système de systèmes ».

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