La création du Collège du renseignement en Europe confirmée par une lettre d’intention signée par 23 pays

Lors de son discours de la Sorbonne, prononcé en septembre 2017, le président Macron avait estimé qu’une « culture stratégique commune » manquait aux pays du Vieux Continent. « Notre incapacité à agir ensemble de façon convaincante met en cause notre crédibilité en tant qu’Européens. Nous n’avons pas les mêmes cultures, parlementaires, historiques, politiques ni les mêmes sensibilités. Et nous ne changerons pas cela en un jour », avait-il souligné.

Aussi, M. Macron avait proposé une « initiative européenne d’intervention » pour « développer cette culture partagée » et émis l’idée de créer une « Académie européenne du renseignement » afin de « renforcer les liens entre nos pays, par des actions de formation et d’échanges. »

Depuis, l’Initiative europénne d’intervention [IEI] a été lancée en dehors du cadre de la Politique de sécurité et de défense commune [PESDC] de l’Union européenne [UE]. Et, actuellement, elle réunit une douzaine de pays. La concrétisation d’un « Collège du renseignement en Europe » [le terme « Académie » ayant finalement été abandonné] aura pris un peu plus de temps.

Mis sur les rails en mars 2019, sa création vient d’être confirmée par une lettre d’intention signée à Zagreb [Croatie] par 23 pays européens membres et sept pays partenaires. Le Royaume-Uni, qui vient de quitter l’UE et où le MI5 [renseignement intérieur] est en froid avec Priti Patel, son ministre de tutelle, en fait partie.

« Nous n’avons d’autre choix que d’unir nos forces si nous ne voulons pas dépendre demain des informations glanées par les États-Unis, la Chine ou la Russie. Nous n’avons pas d’autre choix si nous voulons gagner notre autonomie stratégique et finalement notre véritable souveraineté », fit valoir le président Macron, il y a un an, pour justifier la création de « Collège du renseignement ».

Ce dernier n’est en aucun cas l’embryon d’un service de renseignement européen. « Initiative intergouvernementale unique en son genre, au bénéfice de la sécurité des européens », ce Collège, explique-t-on, est un « effort collectif des communautés du renseignement des pays européens. Il génère, sans être prescripteur, des opinions professionnelles et académiques sur un large éventail de sujets liés au renseignement et les diffuse afin de contribuer au développement d’une culture stratégique du renseignement en Europe. »

À ce titre, sa raison d’être sera donc de « favoriser le dialogue stratégique entre les communautés du renseignement en Europe » et de « mieux atteindre les décideurs et les citoyens » s’agissant des enjeux auxquels elles sont confrontées.

En clair, ce Collège ne sera pas un centre de formation [d’où le fait qu’il n’est plus question de parler « d’académie », ce qui pouvait prêter à confusion] pas plus qu’il ne sera un lieu « d’échanges opérationnels ». Et, comme l’Initiative européenne d’intervention, il ne relève pas de l’UE, le renseignement étant exclusivement une prérogative nationale. Plus qu’un « Collège », il s’agit d’un forum, à l’image de celui dit de Berne qui, créé en 1971, réunit les services des 27 membres de l’UE ainsi que ceux de la Suisse et de la Norvège.

« Sur un sujet aussi régalien que le renseignement, arriver à mettre 23 pays [d’accord pour] signer en bas d’un même document, c’est une première », souligne la Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme [CNRLT], selon l’AFP.

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