La France souhaite accueillir un centre d’excellence de l’Otan dans le domaine spatial à Toulouse

Étant donné que l’on assiste actuellement non pas militarisation [qui est déjà entrée dans les faits depuis longtemps] mais à une arsenalisation de l’espace, avec la mise au point d’armes anti-satellites et d’objets manoeuvrants, l’Otan a décidé d’en faire un nouveau domaine opérationnel à l’issue de son dernier sommet, organisé à Londres, le 4 décembre 2019.

« L’espace est également essentiel à la dissuasion et à la défense de l’Alliance, notamment pour les capacités à naviguer, à recueillir des renseignements et à détecter les lancements de missiles », fit valoir souligné, quelques semaines plus tôt, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

Alors que plusieurs pays ont récemment réorganisé leurs forces armées respectives pour mieux prendre en compte les enjeux liés à l’espace [Force spatiale aux États-Unis, stratégie de défense spatiale publiée en France et au Royaume-Uni, par exemple], l’Alliance ne disposera cependant pas de moyens propres dans ce domaine, pour lequel son approche sera strictement défensive. Et selon M. Stoltenberg, il sera fait appel aux moyens spatiaux des pays membres. « Il pourra s’agir de permettre aux planificateurs de l’Otan de demander aux alliés de fournir des capacités et des services, comme des heures de communications par satellite », avait-il expliqué.

Et il est également question de développer l’expertise des pays membres de l’Otan dans ce domaine, comme cela est déjà le cas pour d’autres, comme par exemple la cyberdéfense, l’anti-terrorisme ou la contre-ingérence. Et cela devrait passer par la création d’un nouveau « centre d’excellence ».

Ce type de strucure sert « à former des responsables et des spécialistes de pays membres de l’Otan ou de pays partenaires » tout en contribuant « à l’élaboration des doctrines. » Ces centres d’excellences, actuellement au nombre de 25, permettent aussi de valider des « concepts par l’expérimentation. »

Ce nouveau « centre d’excellence » pourrait prendre ses quartiers à Toulouse, où vient de s’installer, sous l’égide de l’armée de l’Air, le Commandement de l’Espace [CDE], dont la création a été décidée dans le cadre de la stratégie pour l’espace, dont les grandes lignes ont été dévoilées par le président Macron en juillet 2019.

En effet, le 21 février, à l’occasion d’une visite au Centre national des études spatiales [CNES] afin d’y évoquer la future implantation du CDE, la ministre des Armées, Florence Parly, a indiqué que la France avait « fait acte de candidature pour que Toulouse soit le centre d’excellence de l’Otan » dans le domaine spatial.

À noter que la France accueille déjà, à Lyon, d’un centre d’excellence de l’Otan, avec le Centre d’analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes [CASPOA]. Ce dernier « organise aussi bien des exercices assistés par ordinateur [CAX] que des exercices de poste de commandement [CPX] » et « procède à l’analyse des enseignements tirés des opérations réelles comme des exercices afin de contribuer à la formation du personnel et au perfectionnement des outils de simulation. »

Quoi qu’il en soit, Toulouse deviendra à terme le « cœur battant du spatial militaire français », a dit Mme Parly.

Effectivement, le CDE regroupera à Toulouse l’ensemble des unités ayant un rapport avec les activités spatiales. Il sera intégré dans les locaux du CNES jusqu’en 2021. Puis un « site temporaire » de 200 postes de travail sera construit par la suite. Le bâtiment définitif devrait achevé en 2025.

« Ce nouveau centre de commandement devra répondre à trois objectifs : le renforcement des usages militaires actuels [observation, communications, recueil de renseignement], l’extension des capacités de connaissance de la situation spatiale et le développement d’une capacité d’action », explique le ministère des Armées. Et ce dernier d’ajouter : « Il comprendra 400 postes de travail, une salle d’opération organisée autour de toutes les compétences spatiales de surveillance, d’écoute et de repérage, un laboratoire d’innovation, un centre de formation et une salle technique. »

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