Pour optimiser sa rentabilité, Airbus Defence & Space se restructure et va supprimer 2.300 postes

Si l’activité civile d’Airbus se porte très bien, avec la livraison d’un nombre record d’avions commerciaux en 2019 et un carnet de commandes bien rempli, il n’en va pas de même pour la divison « défense et espace » [Airbus Defence & Space], dont le siège est en Allemagne. Et, lors de la présentation des résultats du groupe, la semaine passée, l’idée d’une restructuration avait été évoquée.

En 2019, Airbus DS a affiché 8,5 milliards d’euros de prises de commande et a représenté 15% du chiffre annuel du groupe. Mais, dans le même temps, il a subi une perte opérationnelle de 881 millions d’euros et son carnet de commandes s’est réduit à 32,3 milliards d’euros [-9% par rapport à 2018].

« Nos prises de commandes en 2019 ont été soutenues principalement par un contrat de services de 400 millions d’euros et des contrats clés dans le domaine spatial », avait expliqué Guillaume Faury, le président exécutif d’Airbus.

Cela étant, Airbus DS a dû faire face à plusieurs problèmes, à commencer par ceux concernant l’avion de transport militaire A400M, pour lequel il a fallu provisionner une nouvelle charge de 1,2 milliards d’euros. En outre, les perspectives à l’exportation ont été revues à la baisse. Et, pour ne rien arranger, l’Allemagne a refusé la livraison de deux appareils en novembre 2018 en invoquant un souci de sécurité.

Par ailleurs, la décision de Berlin de prolonger son interdiction d’exporter des équipements militaires vers l’Arabie Saoudite n’a évidemment pas aidé Airbus DS, cette mesure lui ayant coûté 221 millions d’euros en 2019, notamment à cause de l’impossibilité d’honorer la commande d’un système intégré global de sécurisation des frontières saoudiennnes [passée en 2009] et de 23 hélicoptères H145. D’où la tentation de se passer de composants allemands pour produire son avion de transport militaire C-295.

Enfin, plusieurs programmes dans lesquels Airbus DS est impliqué connaissent des retards, quand ils ne sont pas à l’arrêt. Tel est le cas, par exemple, de l’Eurodrone [ou MALE RPAS], jugé encore trop coûteux par les pays clients, France en tête. En Allemagne, le groupe attend toujours des contrats portant sur la modernisation des Eurofighter [programme E-SCAN qui vise à intégrer un radar AESA sur une partie de la flotte], en plus d’une commande d’appareils supplémentaires pour remplacer une partie des Panavia Tornado de la Luftwaffe. Mais, sur ce point, il est en concurrence avec Boeing, qui propose son F/A-18 Super Hornet.

Quoi qu’il en soit, la restructuration évoquée il y a quelques jours s’est concrétisée le 19 février, avec l’annonce par Airbus DS de la suppression de 2.300 postes [sur 34.000 actuellement], dont 829 en Allemagne, 630 en Espagne, 404 en France, 357 au Royaume-Uni et 142 dans d’autres pays.

« Si les perspectives commerciales sous-jacentes demeurent solides, notamment dans ses cœurs de métier, la division enregistre un ratio commandes nettes/livraisons inférieur à 1 pour la troisième année consécutive, principalement en raison de l’atonie du marché spatial et du report de plusieurs contrats de défense, rendant ces mesures nécessaires », a ainsi justifié Airbus DS dans un communiqué.

S’agissant des modalités de ce plan de départs, l’industriel assure qu’il fournira « des précisions sur ses intentions » et qu’il poursuivra un « dialogue constructif avec les représentants du personnel ». Et de préciser que « de possibles incidences financières sont en cours d’évaluation et seront communiquées ultérieurement. »

Cette restructuration se fera dans le cadre d’un « programme de rentabilité renforcé », lequel comprendra des mesures « à augmenter la compétitivité à long terme » afin d’assurer l’avenir d’Airbus DS.

Dans un entretien donné à La Tribune, Guillaume Faury a expliqué qu’Airbus DS devait revoir son modèle économique afin qu’il « soit rentable avec le flux normal d’activité et réduire la dépendance [aux] gros contrats. »

Photo : Airbus DS

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