Selon un sondage réalisé dans plusieurs pays de l’Otan, le principe de défense collective n’a pas la cote

Un sondage que vient de publier le Pew Research Center, un institut américain, montre que l’adhésion à l’Otan et au principe de défense collective, qui, défini dans l’article 5 du traité de l’Altlantique-Nord, est sa raison d’être, s’effrite auprès des opinions publiques de 19 pays membres.

D’une manière générale, les résultats de cette enquête, menée durant l’été 2019 [et donc avant les propos de M. Macron sur la « mort cérébrale » de l’Otan] auprès de 21.000 personnes, varient selon le pays où l’on se trouve.

En effet, si l’Otan a une excellente image en Pologne [82% de bonnes opinions], en Lituanie [77%] ou encore aux Pays-Bas [72%], il a en va autrement en Grèce et en Turquie, deux pays où un sentiment négatif à son égard domine.

Ainsi, le sondage indique que 51% des Grecs et que 55% des Turcs ont une opinion négative de l’Otan. C’est d’ailleurs en Turquie que l’adhésion à l’Alliance est la plus faible, avec seulement 21% des personnes interrogées ayant exprimé un avis positif à son égard.

À noter que l’opinion espagnole apparaît divisée dans cette enquête : 49% des sondés ont une opinon positive de l’Otan, contre 42%. La France suit cette évolution : 49% des personnes interrogées ont dit avoir une bonne image de l’Alliance [ils étaient 60% à être sur cette ligne en 2015, ndlr] quand 38% ont affirmé le contraire.

Aux États-Unis, l’image de l’Alliance reste stable, avec 52% de bonnes opinions.

Cela étant, l’étude a mis en avant que les gens proches du Parti démocrate sont les « plus susceptibles d’avoir une opinion favorable de l’Otan » que ceux se affichant une proximité avec le Parti républicain. « 61% des démocrates ont une opinion positive de l’alliance, contre 45% des républicains », avance le Pew Research Center.

Un autre détail intéressant est que l’Otan jouit d’une bonne image auprès des opinions publiques de pays qui n’en sont pas membres. Tel est le cas de la Suède [63% d’avis favorables] et, dans une moindre mesure, de l’Ukraine [53%].

Cependant, l’opinion bonne ou mauvaise que les gens peuvent avoir de l’Otan peut varier significativement d’une enquête à l’autre, sauf au Royaume-Uni [+ de 60% d’avis favorables en moyenne au cours des dix dernières années], en Italie, au Canada ou encore au Royaume-Uni.

Mais l’Otan repose avant tout sur son principe de défense collective, c’est à dire que les Alliés se doivent d’intervenir dans le cas où l’un d’entre-eux serait attaqué. C’est ce qui en fait son fondement car elle n’existe que par et pour cette éventualité.

Or, selon ce sondage, 50% des personnes interrogées ont dit estimer que leur pays ne devrait pas voler au secours d’un autre membre de l’Alliance en cas d’agression russe. Tel est le cas en Bulgarie [à 69%], en Italie [66%], en Grèce [63%] et en Allemagne [60%]. Ce sentiment est également majoritaire en France [53%], en Espagne [56%], en Turquie et en Slovaquie [55%].

Curieusement, l’opinion publique polonaise apparaît divisée sur cette question [43% contre, 40% pour], alors que l’on peut penser qu’elle serait la première à demander l’intervention de l’Otan en cas d’agression [russe ou autre].

Quoi qu’il en soit, ce principe de défense collective est majoritairement soutenu aux Pays-Bas [64%], aux États-Unis [60%], au Canada [56%], au Royaume-Uni [55%] et en Lituanie [51%].

Mais, globalement, au niveau de l’ensemble des membres de l’Otan concernés par cette étude, 38% des personnes interrogées estiment que leur pays devrait venir au secours d’un allié attaqué par la Russie quand 50% y sont opposées.

Sans doute aurait-il fallu s’interesser aux réponses qu’auraient pu faire les personnes sollicitées par ce sondage si on leur avait demandé ce qu’elles pensaient du concept de défense collective si leur pays venait à être attaqué…

Une autre tendance mise en lumière par cette enquête est que, globalement, les Européens s’en remettent aux États-Unis dans le cas d’un potentiel conflit sur leur sol. Et, ce sont généralement ceux qui sont le moins enclin à voir leur pays intervenir au titre de l’article 5 qui y sont les plus favorables à cette perspective.

C’est ainsi le cas en Italie, en Espagne, en Grèce et en Allemagne, pays où entre 63 et 75% des personnes interrogées ont dit estimer que les États-Unis devraient intervenir militairement pour défendre un membre de l’Otan subissant une agression ou une attaque sur son territoire. En Pologne, ce sentiment n’est partagé que par 47% des sondés, soit dix points de moins qu’en France.

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