Mme Parly appelle les députés allemands à donner leur feu vert au démonstrateur du futur avion de combat

La notification du contrat concernant le démonstrateur du New Generation Fighter [NGF], c’est à dire du chasseur bombardier qui sera la pierre angulaire du Système de combat aérien du futur [SCAF], est impatiemment attendue par Dassault Aviation et Airbus, partenaires pour ce projet européen [qui réunit la France, l’Allemagne et l’Espagne]. Et cela d’autant plus qu’elle aurait dû être faite en juin 2019, à l’occasion du salon du Bourget, puis en septembre…

« Lancer cette première phase de développement du SCAF, c’est lancer la première phase de développement du projet européen de défense du XXIe siècle. Dans le contexte géopolitique actuel c’est aussi permettre à l’Europe de sauvegarder sa souveraineté industrielle et opérationnelle, c’est lui permettre de faire face aux menaces de demain », firent alors valoir Éric Trappier et Dirk Hoke, respectivement Pdg de Dassault Aviation et d’Airbus Defence & Space, dans une tribune publiée en octobre dernier à l’adresse des responsables politiques concernées.

Puis, il fut avancé que ce contrat allait être notifié en janvier 2020. Seulement, faute de mieux, on eu droit à une tribune publiée par le Figaro et co-signée par les généraux Philippe Lavigne, Ingo Gerhartz et Javier Salto, respectivement chefs d’état-major de l’armée de l’Air, de la Luftwaffe et de l’Ejército del aire.

« Nous souhaitons que ce système dispose de capacités aériennes permettant d’acquérir la supériorité opérationnelle dans les opérations multi-domaines futures, afin de garantir la liberté d’action à toutes les forces, qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes. […] Nos armées de l’Air ont besoin d’acquérir un NGWS [Next Generation Weapon System] qui puisse réaliser des missions dans tous les secteurs de la guerre aérienne », ont insisté les trois généraux, après avoir rappelé que les « orientations militaires et politiques de certains États […] mettaient à nouveau à l’épreuve la sécurité des pays européens. »

Et d’affirmer que nouvelles étapes « tangibles » de ce programme seraient prochainement « franchies » avec « le premier contrat de recherche et technologie qui est sur le point d’être signé. » Mais c’était sans doute aller un peu vite en besogne. Car il le sera effectivement si les députés allemands le décident. Et, pour le moment, ils ne se sont pas encore prononcés. Et cela que certains d’entre eux sont mécontents du montage industriel du programme, qui serait trop favorables à la France.

D’où la pression mise [gentiment] sur les députés du Bundestag par Florence Parly, la ministre des Armées, à l’occasion de la 3ème réunion de l’Assemblée parlementaire franco-allemande à Strasbourg, ce 5 février. À noter que le SCAF n’est pas le seul programme mené en coopération avec l’Allemagne qui connaît quelques retards à l’allumage : celui consistant à mettre au point, sous maîtrise allemande, le char de combat du futur [MGCS, Main Ground Combat System] est dans une sitution plus délicate encore.

« Nous avons depuis 2017 un objectif extrêmement ambitieux : doter nos armées respectives de moyens de combat de nouvelle génération, dans le domaine terrestre et dans le domaine aérien. Il s’agit des projets – bien connus – de système de combat aérien du futur et du char de combat du futur qui verront le jour entre 2035 et 2040 – autrement dit, c’est demain », a commencé par rappeler la ministre française.

Et d’ajouter que, s’agissant du SCAF, une étude d’architecture a été lancée en 2019 afin d’en préciser les dimensions… Ce qui n’est pas encore le cas du MGCS. Pour ce dernier « une telle étude d’architecture devrait pouvoir être engagée très prochainement cette année », a dit Mme Parly.

« Nous avons conçu ces projets selon des lignes directrices très claires : ces coopérations sont des coopérations entre égaux », a ensuite enchaîné la ministre. « Pour autant, une coopération entre égaux ne veut pas dire une coopération sans pilote, où l’on mettrait de côté les compétences particulières qui ont été développées pendant des décennies des deux côtés du Rhin. Il faut capitaliser sur ces compétences existantes. Ces projets ont donc été conçus avec un partage industriel équilibré entre la France et l’Allemagne, que ce soit sur le SCAF ou sur le char », a-t-elle expliqué.

Qui plus est, non seulement « nos armées ont un besoin impérieux » de ces équipements développés dans le cadre de cette coopération mais il s’agit aussi de « projets industriels » impliquant « des dizaines de milliards d’euros, des dizaines de milliers d’emploi, avec des perspectives à l’exportation », a souligné Mme Parly, qui ensuite avancé l’argument de la responsabilité collective de « construire cette Europe de la Défense que nos deux pays appellent de leurs vœux. »

Et d’insister sur le fait que le vote des parlementaires allemands sur le démonstrateur du SCAF « aura une importance décisive, et enverra un signal politique fort, sur la volonté de nos deux pays de construire l’Europe de la défense. » Les élus du Bundestag auront-ils été convaincus? Réponse dans quelques jours…

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