L’US Navy a mis en service une tête nucléaire de faible puissance pour répondre aux nouvelles armes russes

Les États-Unis n’auront pas perdu de temps [ou alors, c’est qu’ils en avaient déjà le projet avant de l’annoncer…]. Publiée en janvier 2018, une nouvelle mouture de leur posture nucléaire [NPR] préconisait de doter les forces américaines d’armes nucléaires de faible puissance afin de dissuader la Russie.

« La stratégie et la doctrine russes mettent l’accent sur les utilisations coercitives et militaires potentielles des armes nucléaires. Elle évalue à tort que la menace d’une escalade nucléaire ou d’un premier usage effectif des armes nucléaires servirait à ‘désamorcer’ un conflit à des conditions qui seraient favorables. Ces perceptions erronées augmentent les risques d’erreur de calcul et d’escalade », fit valoir cette NPR.

Et de souligner que, justement, la Russie poursuivait alors le développement de « deux nouveaux systèmes de portée intercontinentale », dont un véhicule hypersonique et une nouvelle torpille sous-marine autonome à capacité nucléaire [connue sous le nom de « système océanique polyvalent Poseidon »]. Leur existence fut d’ailleurs confirmée en mars 2018 par le président russe, Vladimir Poutine, qui parla à l’époque d’armes « invicibles ».

En outre, la NPR releva également que la Russie développait « un un ensemble important, varié et moderne de systèmes non stratégiques », pouvant être dotés de charges nucléaires ou conventionnelles, ce qui les excluaient du traité de désarmement New START qui ne prend en compte que les armes stratégiques.

Selon l’évaluation de la NPR, la doctrine « escalade-désescalade » de la Russie reposerait sur l’idée de faire l’usage en premier d’une arme nucléaire tactique en cas de conflit avec l’Otan, en faisant le pari que les États-Unis, dotés seulement d’armes stratégiques, ne pourraient pas riposter de manière appropriée.

D’où la nécessité, selon ce document, de développer des armes nucléaires de faible puissance. « Nous voulons nous assurer que la Russie ne fait pas d’erreur de calculs. […] Elle doit comprendre que lancer une attaque nucléaire, même limitée, ne lui permettra pas d’atteindre son objectif, modifiera fondamentalement la nature du conflit et aura un coût incalculable et intolérable pour Moscou », avait expliqué Robert Soofer, alors secrétaire adjoint à la Défense chargé de la politique nucléaire.

Les choses n’auront donc pas traîné. Ce 4 février, le Pentagone a en effet annoncé que l’US Navy venait de mettre en service la tête nucléaire de faible puissance W76-2, à bord de l’un de ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la classe Ohio, lesquels emportent généralement 24 missiles balistiques mer-sol Trident chacun dotés de têtes nucléaires W76. En l’occurrence, le batîment en question serait l’USS Tennessee, qui, selon la Federation of American Scientists [FAS], patrouille actuellement dans l’océan Atlantique.

La puissance de la tête W76-2, fixée sur un missile Trident, serait de 5 kilotonnes [5.000 tonnes de TNT], contre 100 kilotonnes pour la W76. Selon les données budgétaires américaines, son développement a nécessité un investissement de 65 millions de dollars en 2019. Et 10 millions de plus lui ont été alloués dans le cadre de l’exercice 2020. Le nombre d’exemplaire construit n’a pas été officiellement divulgué mais, a priori, selon les bruits de coursive, 50 auraient été fabriqués.

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