Le ministère russe de la Défense donne son feu vert à la production du futur bombardier stratégique PAK DA

Le 2 février, la version modernisée du bombardier stratégique supersonique russe Tu-160M a effectué son premier vol d’essai depuis l’aérodrome de l’usine Gorbounov, à Kazan.

« L’équipage a testé les nouveaux systèmes et équipements installés pendant la modernisation de l’appareil. Selon les pilotes, le vol s’est déroulé sans incident, les systèmes et équipements ont fonctionné sans problèmes », a précisé le groupe aéronautique Tupolev.

Selon les plans du ministère russe de la Défense, il serait question de commander 50 exemplaires du Tu-160M, lesquels viendraient s’ajouter aux 16 Tu-160 « Blackjack » actuellement en depuis les années 1980. En clair, il s’agit de relancer la production de cet imposant appareil [54,10 mètres de longueur pour une envergure de 55,70 mètres], tout y apportant des améliorations capacitaires, notamment au niveau des systèmes de guerre électronique, de la motorisation et de l’armement.

Actuellement, un Tu-160 « Blackjack » peut emporter jusqu’à 40 tonnes d’armement, dont des missiles à capacité nucléaire Kh-55 et Kh-15. Capable de voler à plus de 2.000 km/h [mais à 960 km/h en régime de croisière], son autonomie varie de 10.000 à 16.000 km en fonction de la charge utile qu’il porte.

Dans le même temps, afin de remplacer ses bombardiers stratégiques Tu-95 « Bear », dont la conception remonte aux années 1950, ainsi que ses Tu-22, Moscou a lancé le programme PAK DA [Perspektivni Aviatsionni Kompleks Dalneï Aviatsii], dont le projet avait été évoqué il y a près de 20 ans.

En septembre 2009, soit après la rédaction des besoins capacitaires, le ministère russe de la Défense attribua un contrat d’étude à Tupolev, afin de préparer la conception de nouveau bombardier stratégique à long rayon d’action. Seulement, l’avenir de ce projet fut un temps menacé étant donné que certains responsables russes exprimèrent des doutes sur sa pertinence.

Mais, finalement, le programme PAK-DA fut confirmé en juin 2012 par Vladimir Poutine, qui venait de retrouver son fauteuil de chef du Kremlin, après avoir exercé les fonctions de Premier ministre.

Cela étant, beaucoup d’informations contradictoires circulèrent au sujet de ce futur bombardier, ce qui laissa les observateurs dans le flou. Cela étant, en 2013, il fut annoncé que la phase de planification était terminée et que le premier vol d’un prototype aurait lieu en 2019, avec un objectif d’entrée en production de série en 2025. Mais, manifestement, la commande relative au Tu-160M contraria ce calendrier.

Quoi qu’il en soit, en avril 2017, l’agence TASS annonça que le ministère russe de la Défense venait de notifier le contrat de production d’un premier prototype du PAK DA.

En décembre dernier, la presse russe, citant le vice-ministre de la Défense, Alexei Krivoruchko, a indiqué que la fabrication des éléments du futur bombardier avait commencé depuis plusieurs semaines. « À ce jour, la conception préliminaire du futur avion a été approuvée », avait alors assuré ce responsable.

Puis, le 3 février, la chaîne de télévision « Zvezda » a indiqué que le ministère russe de la Défense venait de « signer tous les contrats nécessaires pour démarrer la production du bombardier à longue portée PAK-DA. »

« Les caractéristiques de l’avion ont été convenues, tous les documents contractuels nécessaires à la production d’échantillons ont été signés et les étapes préparatoires de la conception sont en cours », a confié M. Krivoruchko.

D’après le quotidien Izvestia, trois protypes du PAK-DA ont été commandés par le ministère russe de la Défense. Ces appareils effectueront une campagne d’essais « préliminaires » entre 2023 et 2025. Puis, en fonction des résultats, les essais d’État commenceront en 2026, avec l’objectif de démarrer la production en série au mieux en 2027.

S’agissant des caractéristiques du PAK-DA, on sait [du moins, d’après ce qu’ont indiqué les responsables russes] qu’il sera mis en oeuvre par un équipage de quatre personnes. Sa portée opérationnelle devrait être d’environ 12.000 km [avec la capacité de rester en l’air pendant 30 heures]. Furtif comme le sera le B-21 Raider américain [et comme, a priori, le Hong-20 chinois], il prendra la forme d’une aile volante et emportera en soute ses 30 tonnes d’armement [missiles à capacité nucléaire, voire armes hypersoniques].