Situation confuse à Sokolo, où les jihadistes profitent du retrait de l’armée malienne après une attaque meurtrière

Le 26 janvier, le camp de la gendarmerie malienne implanté à Sokolo, situé dans la région de Ségou [centre], à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Mauritanie, a été attaqué par une centaine de jihadistes arrivés à motos. Le bilan officiel des combats, qui ont duré environ deux heures, a fait état de 20 gendarmes tués. En outre, les assaillants, probablement venus de la forêt de Ouagadou, ont eu le temps de piller l’armurerie et d’emporter neuf véhicules.

Le lendemain, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], lié à al-Qaïda, a revendiqué cette attaque via un communiqué adressé à l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar. Confirmant le bilan donné par Bamako [sauf sur les pertes qu’elle a subies durant l’attaque], l’organisation jihadiste a précisé avoir fait trois prisonniers et mis la main sur « 9 véhicules tout terrain, plus de 20 fusils-mitrailleurs Kalachnikov, un important arsenal de munitions et d’autres armements ».

Peu après l’annonce de l’attaque, les Forces armées maliennes [FAMa] avaient envoyé des renforts à Sokolo de puis la localité de Diabaly. Des moyens aériens – non précisés – furent également sollicités. Cela permit de reprendre le contrôle du camp de la gendarmerie.

Seulement, les FAMa se sont par la suite repliées vers Diabaly, laissant Sokolo sans défense. Et, d’après l’AFP, les terroristes en ont profité pour y revenir.

« Les jihadistes sont de retour à Sokolo et ils ont installé leur drapeau dans le camp de la gendarmerie », a en effet témoigné, le 30 janvier, Hamed Dramé, le président de l’association de la jeunesse de Sokolo. « Une menace plane sur la ville. Nous avons alerté les autorités mais jusqu’à présent [il n’y a eu] aucune réaction venant d’eux », a-t-il ajouté.

Ce retour des jihadistes à Sokolo a été confirmé par un habitant auprès de la radio Studio Tamani. Mais, a priori, la présence des terroristes aurait été brève. « L’armée est partie et ils peuvent faire ce qu’ils veulent dans la zone. Ils ont passé, hier, plus de deux heures dans le camp. Mais hier soir, il me semble qu’un avion a survolé le village et ils se sont repliés », a-t-il dit.

Dans le même temps, un poste des FAMa, établi à Sarakala, localité également située dans la région de Ségou, a été attaqué. « On ne déplore pas de perte en vie humaine mais des pertes matérielles ont été enregistrées », a fait savoir l’état-major malien qui, par ailleurs, a aussi précisé que « six suspects ont été appréhendés » et qu' »une moto a été saisie » lors d’une patrouille effectuée dans les environs de Diabaly.

Quoi qu’il en soit, cette activité jihadiste dans les région de Ségou, via AQMI et la katiba Macina, n’est pas nouvelle. Par le passé, le camp de Nampala, situé près de la frontière mauritanienne, avait été attaqué à deux reprises, en janvier 2015 et en juillet 2016. Plus généralement, les rapports de l’ONU sur la situation au Mali ont régulièrement fait état d’une détérioration « préoccupante » dans cette région ainsi que dans celle de Mopti. L’un d’eux, publié en avril 2019, décrivait ainsi une « situation explosive » dans le centre du Mali.

Or, lors du sommet de Pau, le 13 janvier, le président Macron et ses homologues du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad] se sont mis d’accord pour accentuer les efforts sur la région du Liptako-Gourma [dite des « trois frontières], où sévit en particulier l’État islamique au Grand Sahara [EIGS]. Même si la force Barkhane a pu conduire des opérations ponctuelles dans le centre du Mali, comme encore en décembre dernier, le GSIM risque d’avoir les coudées franches dans ce secteur. Ce que les récents événements tendent à montrer.

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