L’Otan pourrait remplacer la coalition anti-jihadiste en Irak

Sur les ondes de France Inter, le 11 janvier, et alors que les activités en Irak de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis étaient suspendues après la frappe américaine contre le général Qassem Soleimani, le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iranien et Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, une alliance de milices chiites pro-Téhéran, la ministre des Armées, Florence Parly, avait laissé entendre que le maintien des militaires français aux côtés de leurs homologues irakiens au titre de l’opération Chammal se ferait sans doute dans le cadre d’une mission de l’Otan.

« Nous pouvons sans doute faire plus et mieux. Une mission de l’Otan est présente en Irak, avec la même tâche [d’accompagnement des forces irakiennes, ndlr]. Je pense que cela fait partie des pistes sur lesquelles nous devrions être plus actifs encore », avait en effet affirmé Mme Parly, alors que les députés chiites irakiens venaient de voter une résolution demandant le départ des « forces étrangères » du territoire irakien.

Pour rappel, en juillet 2018, l’Otan avait répondu favorablement à une requête de l’Irak, demandant la mise en place d’une mission non combattante pour former les forces irakiennes et accroître les capacités de ces dernières.

Actuellement dirigée par le Canada [qui passera le relai au Danemark à la fin 2020, ndlr], cette Mission de l’Otan en Irak [NMI], forte de 500 militaires, dispense des conseils et des formations aux forces irakiennes, notamment dans les domaine de la lutte contre les engins explosifs improvisés, la médecine de guerre, la maintenance des blindés ou encore la planification civilo-militaire.

Quoi qu’il en soit, on s’achemine visiblement vers le scénarion évoqué par Mme Parly. Le 21 janvier, John Mansa, le secrétaire général adjoint aux opérations de l’Otan a rencontré Abdul Karim Hashim Aboualgus, le vice-ministre irakien des Affaires étrangères. Et les deux responsables se sont mis d’accord pour dire qu’une « coopération étroite entre la République d’Irak et l’Otan serait mutuellement avatangeuse ».

Selon l’AFP, les autorités irakiennes envisageraient en effet de donner un rôle accru à l’Otan, au détriment de la coalition anti-jihadiste [opération Inherent Resolve, OIR], estimant que cette dernière avait « outrepassé son mandat » avec la frappe américaine contre le général Soleimani.

« Nous avons discuté de plusieurs scénarios avec la France, le Royaume-Uni, le Canada. […] L’essentiel est qu’il n’y ait pas de troupes combattantes et que notre espace aérien ne soit pas utilisé », a confié, à l’AFP, Abdelkarim Khalaf, le porte-parole du Premier ministre [démissionnaire] Adel Abdel Mahdi.

Trois « ébauches » de propositions auraient ainsi été présentées au gouvernement irakien : un maintien de la coalition anti-jihadiste avec un mandat restreint, une autre coalition qui ne serait plus dirigée par les États-Unis et un renforcement du rôle de l’Otan.

Et comme le laisser déjà supposer les propos du chef adjoint de la diplomatie irakienne, la troisième option tiendrait donc la corde.

Ce qui a été confirmé par un responsable occidental auprès de l’AFP. « L’option Otan a été approuvée par le Premier ministre iranien, l’armée et même certains éléments anti-américains du Hachd al-Chaabi », a-t-il dit. Et cette solution aurait le mérite de sauver les apparences. « Les Américains pourront continuer de combattre l’EI [État islamique ou Daesh] et les Irakiens prétendre les avoir expulsés », a-t-il souligné. Reste que, a-t-il ajouté, les « Européens s’accordent sur le fait que les États-Unis devront avoir leur mot à dire, quoi qu’il arrive. »

Cela étant, du côté de l’Otan, il n’est absolument pas question de mener des opérations de combat, le rôle de sa mission devant se cantonner à la formation et à l’entraînement des troupes irakiennes. En tout cas, un engagement plus grand de l’Alliance devrait ravir le président Trump : c’est ce qu’il avait appelé de ses voeux, lors de son allocution prononcée après les tirs de missiles iraniens contre deux bases irakiennes abritant des soldats américains [dont 50 ont été victimes de commotions cérébrales, selon des bilans revus constamment à la hausse depuis deux semaines…].

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