Selon un rapport, les forces allemandes sont « peu opérationnelles » par rapport à leur budget

L’an passé, à la même époque, et étant donné que les dépenses militaires allemandes devaient augmenter de plus de 4 milliards d’euros, on se demandait si le prochain rapport annuel du commissaire parmentaire auprès de la Bundeswehr [forces armées allemandes, ndlr], Hans-Peter Bartels [social-démocrate], allait être différent de ceux publiés précédemment. Or, il n’en a rien été.

Et, à la rigueur, celui qu’il vient de rendre, le 28 janvier [.pdf], est peut-être encore plus sévère que les autres. « La Bundeswehr, dans son ensemble, est remarquablement peu opérationnelle pour les sommes énormes que les contribuables allemands dépensent pour elle », a résumé M. Bartels, cité par la Süddeutsche Zeitung.

Ainsi, comme en 2017 et en 2018, la disponibilité des principaux systèmes d’armes est encore médiocre, comme l’illustre le cas des véhicules blindés de combat d’infanterie Puma. En raison de difficultés relativement à l’approvisionnement en pièces détachées, qui compliquent évidemment la maintenance, seulement 19,1% de ces blindés sont opérationnels. Ce qui oblige les fantassins allemands à recourir à des expédients quand ils ont à s’entraîner : ils utilisent en effet des mini-bus.

« Il doit y avoir des limites au ‘faites semblant' », tonne M. Bartels, selon qui, dans certains cas, pas même 40% des systèmes d’armes sont prêts à l’emploi. Aussi, est-il avancé dans son rapport, « la Bundeswehr est encore loin d’avoir 100% des armes, munitions et équipements dont elle a besoin pour remplir ses obligations ».

Il y a « trop ​​peu de matériel, trop peu de personnel, trop de bureaucratie dans la Bundeswehr », déplore M. Bartels. Ainsi, le système d’approvisionnement, que ce pour les pièces détachées ou les équipements individuels des soldats, est toujours excessivement long », à cause de « structures devenues manifestement dysfonctionnelles ». À cela viennent s’ajouter de trop nombreuses « responsabilités croisées » et un « niveau de réglementation trop élevé. »

« La bureaucratie croissante dans tous les domaines restreint toujours un peu plus la flexibilité opérationnelle. La stricte exécution des procédures est plus importante que l’objectif opérationnel », souligne M. Bartels.

S’agissant de l’équipement individuel des soldats, ce dernier dresse, là aussi, un constat sévère. « Il est difficile de comprendre que, à ce jour, il n’a même pas été possible d’équiper complètement les soldats avec de nouveaux équipements personnels, tels que des gilets de protection », s’étonne-t-il. Aussi préconise-t-il d’adopter une approche similaire à celle d’Ikea, résumée par la formule « choisir, payer et emporter » des articles déjà disponibles au lieu de chercher à réinventer la roue.

Ainsi, par exemple, les soldats allemands auraient dû percevoir de nouvelles bottes de combat en 2020, dans le cadre d’un marché passé quatre ans plus tôt. Finalement, ils les recevront en… 2022. « Le calendrier ne peut pas être respecté en raison de la capacité de production limitée de l’industrie », a expliqué le ministère allemand de la Défense.

L’industrie, justement. M. Bartels se pose des questions à son sujet. « Pourquoi faut-il sept ans pour porter 100 chars au niveau le plus moderne, alors qu’en seulement deux ans, la même industrie peut fabriquer 50 nouveaux chars pour une autre nation? », se demande-t-il.

Un autre problème de la Bundeswehr porte sur ses ressources humaines, avec 21.000 postes vacants. Les besoins en techniciens de la Luftwaffe [force aérienne] ne sont couverts qu’à 53% et certaines unités d’artillerie ne disposent que de 70% des sous-officiers et officiers dont elles ont besoin pour être pleinement opérationnelles. La situation serait encore plus problématique pour la Deutsche Marine, avec des taux d’emploi, pour certaines spécialités techniques, inférieurs à 50%.

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