La Défense belge envisagerait d’acquérir 14 avions de combat F-35A supplémentaires
Dans une étude qu’elle a récemment publiée, la Cour des comptes belges dit avoir constaté que, « malgré l’évolution défavorable de l’environnement sécuritaire global, le niveau d’ambition de la composante Air a été revu à la baisse à plusieurs reprises ces dernières années ». Et notamment pour ce qui concerne l’aviation de combat.
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette ambition revue à la baisse. Comme les difficultés à maintenir opérationnels les 54 F-16 de la force aérienne belge.
« Le nombre moyen de F-16 qui se trouvent en statut opérationnel baisse progressivement. Exprimé en nombre d’appareils, l’objectif de 60 % de la flotte opérationnelle en permanence devrait correspondre à 32 appareils opérationnels sur une flotte de 54. Si l’évolution observée se poursuit, il sera difficile de continuer à respecter cet objectif », est-il souligné dans le document.
« Le niveau d’ambition évolue avec le budget disponible et le nombre d’appareils dont dispose la composante Air. Il en découle une baisse constante des possibilités d’engagement de la capacité de combat aérien, ce qui contraste avec le niveau d’ambition de l’Otan qui s’est accru ces dernières années », note encore la Cour des comptes belges, qui relève également que le « nombre d’appareils ne permet pas non plus de relever le niveau d’ambition ».
L’objectif de la force aérienne belge est donc de pouvoir disposer de 32 avions de combat disponibles… Or, pour remplacer ses F-16, Bruxelles a commandé 34 F-35A auprès de Lockheed-Martin pour 3,8 milliards d’euros en 2018.
Et cela se traduira par une baisse de l’activité. « Le nombre d’heures de vol réel passera de 12.000 par an pour une flotte de 54 F-16 mis en oeuvre par 85 pilotes à une fourchette oscillant entre 7.950 et 9.150 avec 34 F-35 et 67 pilotes. Et inversement, le nombre d’heures de vol sur simulateurs [deux actuellement] va croître de 1.200 à 4.500 par an », expliquait l’agence Belga en juillet 2019.
Avec les immobilisations pour les opérations de maintenance, il sera impossible à la force aérienne belge d’aligner 32 avions opérationnels, et donc d’atteindre l’objectif qui lui est assigné actuellement.
Un problème identique s’est posé aux Pays-Bas, qui, initialement, avaient commandé 37 F-35A pour remplacer une soixantaine de F-16. En octobre 2019, le ministère néerlandais de la Défense a annoncé l’acquisition de 9 exemplaires supplémentaires. Et il est question d’en acheter six autres ultérieurement, l’Otan ayant estimé que la KLu [Koninklijke Luchtmacht] devait aligner un escadron de plus [soit au moins 15 avions] au regard de l’évolution du contexte sécuritaire.
Et ce qui vaut pour les Pays-Bas l’est aussi pour la Belgique. Selon le quotidien Le Soir, l’Otan demande à Bruxelles de disposer de 48 avions F-35A au total [dont trois mis en réserve]. Ce qui suppose donc l’achat de 14 appareils de plus.
Si les investissements nécessaires à la mise en oeuvre des F-35A auront été effectués et que le prix unitaire de l’avion de Lockheed-Martin devrait prochainement passer en dessous du seuil des 80 millions de dollars, il n’en reste pas moins qu’un tel achat pésera lourd sur le budget de la Défense belge.
D’autant plus que cette dernière doit financer plusieurs programmes d’armement, comme le renouvellement des blindés médians [CaMo, avec les Griffon et les Jaguar français] ainsi que celui des moyens dédiés à la guerre des mines. Ou encore l’achat de drones MALE MQ-9B Sky Guardian et d’avions de transport A400M.
D’où la demande du chef de la Défense belge [CHOD], le général Marc Compernol, de porter les dépenses militaires du pays à 1,28% du PIB « au minimum », contre 1,04% actuellement. « Nous parlons ici du prix d’un café par jour et par travailleurs en Belgique », a-t-il récemment fait valoir. Faute de quoi, a-t-il prévenu, la « crédibilité » des forces belges envers leurs partenaires de l’Union européenne et de l’Otan serait « gravement mise en cause. »
Photo : Lockheed Martin / Angel Delcueto