Mme Parly annonce la création d’un nouveau fonds d’investissement pour l’innovation de défense
Dans un rapport publié l’été dernier, les sénateurs Cédric Perrin et Jean-Noël Guérini avaient mis en doute l’efficacité le dispositif financier mis en place pour soutenir l’innovation de défense, estimant qu’il était « trop complexe, peu lisible et mal adapté. »
Et il est vrai que les initiatives ont foisonné, ces dernières années, avec les programmes ASTRID [Accompagnement spécifique de travaux de recherche et d’innovation défense], ASTRID-Maturation et RAPID [régime d’appui pour l’innovation duale. On encore avec la participation du ministère des Armées au Fonds unique interministériel [FUI], le cofinancement de projets d’intérêts dual via l’Agence nationale de la recherche [ANR], le crédit Impôt Recherche [CIR] et le Crédit Impôt Innovation [CII]. Sans oublier le fonds d’investissement Definvest, créé en 2017 avec Bpifrance.
Qui plus est, pour les deux sénateurs, malgré cet empilement de dispositifs, le financement de l’innovation de défense a un angle mort, dans la mesure où il « n’apporte pas à ce jour de réponse satisfaisante […] au financement de démonstrateurs » et qu’il « ne permet pas de garantir l’autonomie stratégique en gardant françaises des start-up ou jeunes pousses qui peinent à trouver le capital nécessaire à leur croissance. »
Ce qui explique que Definvest a été parfois détouné de sa vocation initiale, qui était de soutenir des PME établies en les dotant en capital développement, vers le « capital risque en soutien à l’innovation ».
Visiblement, le message des deux sénateurs a été entendu. En effet, lors de ses voeux, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé que l’Agence de l’innovation de défense [AID], en relation avec Bpifrance, était en train de travailler à « la création d’un fonds ‘Definnov’, un fonds d’investissement souverain pour soutenir la croissance et le développement de startups et PME, porteuses de projets d’innovation pouvant intéresser le secteur de la Défense. »
« Ce projet qui doit associer les grands groupes industriels de défense se concrétisera, je l’espère, dans les prochains mois », a encore précisé Mme Parly.
Actuellement, les « jeunes pousses » ayant développé des solutions susceptibles d’intéresser les armées peuvent adhérer à « Generate« , un programme lancé en 2017 par le Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres [GICAT]. À ce jour, 36 ont fait cette démarche et certaines d’entre-elles ont franchi un cap en devenant des « scale-up » [ou TPE] et réussi à lever des fonds auprès d’investisseurs privés et publics.
Quoi qu’il en soit, ce nouveau fonds d’investissement annoncé par Mme Parly devrait sans doute permettre d’éviter la mésaventure de l’entreprise innovante Pirren SAS, dont le blog Mars Attaque a retracé le parcours. Ayant mis au point un Embarcation Fluviale de Combat [ainsi que d’autres innovations], cette entreprise a été mise en liquidation judiciaire en octobre dernier alors que ses travaux intéressaient les armées…