Les renforts destinés à la force Barkhane seront plus importants que ceux annoncés par le président Macron

Le 13 janvier, lors du sommet de Pau, au cours duquel il obtint des « clarifications » de la part de ses homologues du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad] au sujet de l’engagement militaire français dans la région, le président Macron avait annoncé que la force Barkhane allait être renforcée par l’envoi de 220 militaires supplémentaires, afin de « répondre au besoin d’accentuer » l’effort dans la région dite des « trois frontières » [c’est à dire dans le Liptako-Gourma] contre l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS].

Plus tard, l’État-major des armées [EMA] précisa que ce renfort déployé « à courte échéance », serait composé de « troupes aguerries, expérimentées et habituées à opérer au Sahel ». Et d’ajouter : « L’origine de ces troupes, le calendrier et la zone de leur déploiement restent confidentiels à ce stade, afin de ne pas fournir de renseignements qui pourraient servir les intérêts des groupes armés terroristes. »

Cela étant, devant l’Association des journalistes de la défense [AJD], ce 22 janvier, rapporte l’AFP, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées [CEMA], a précisé que ces 220 militaires de plus destinés à Barkhane – des légionnaires du 2e Régiment Étranger de Parachutistes [REP], avaient déjà été envoyés au Sahel. Ils « étaient en mission de courte durée en Côte d’Ivoire », a-t-il dit.

Mais des « moyens supplémentaires » seront déployés au Sahel a annoncé le CEMA. Ce dernier présentera « le profil et la composition » de ces renforts au président Macron « dans les jours qui viennent », a-t-il précisé.

Ces nouveaux renfors seront accompagnés de « moyens logistiques et de renseignement supplémentaires », a ajouté le général Lecointre. A priori, un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper de plus devrait rejoindre la base aérienne projetée de Niamey.

« Nous allons accentuer nos efforts dans la zone du Liptako-Gourma [entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ndlr], en y concentrant des moyens supplémentaires », a expliqué le général Lecointre. « Aujourd’hui, dans cette zone extrêmement vaste, les moyens qui sont mis à disposition de l’opération Barkhane ne sont pas suffisants pour qu’on puisse avoir des soldats déployés H24, 7 jours sur 7 », a-t-il fait remarquer.

Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères, à l’Assemblée nationale, le CEMA avait expliqué que les effectifs de l’opération Barkhane – 4.500 militaires – étaient « dérisoires » au regard de l’immensité de la bande sahélo-saharienne.

« Une fois soustraits les éléments de logistique et de soutien, la capacité de protection de nos emprises, ainsi que les hommes qui étaient déjà en place au Tchad depuis une éternité – nous avons des forces stationnées au Tchad continûment depuis quarante ans, sans que l’on n’ait jamais dit que cette opération est une vraie coopération –, je me trouve avec 2.000 hommes au maximum, un volant de manœuvre de la taille d’un régiment dans cet immense espace, ce qui est très peu », avait affirmé le CEMA, en novembre dernier. Et d’ajouter : « Ce que fait la France par son intervention dans le Sahel est un miracle d’efficience, il faut ne cesser de le répéter. »

Quoi qu’il en soit, ce renforcement de Barkhane ira de pair avec la montée en puissance de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] et le déploiement du groupement de forces spéciales européennes « Takuba ».

« Notre intention était de marquer cet effort dans le Liptako pendant un an et demi à deux ans avant de basculer dans la zone contiguë du Gourma. Mais, bien que l’amoindrissement des groupes armés terroristes et le renforcement de l’armée malienne soient encore insuffisants dans le Liptako, il nous semble aujourd’hui urgent d’aller dans le Gourma en laissant la main à une force d’accompagnement des forces armées maliennes composée de forces spéciales européennes. Nous allons donc créer une task force placée sous l’autorité du commandant de la force Barkhane, qui accompagnera et assistera l’armée malienne », avait expliqué le général Lecointre aux députés de la commission des Affaires étrangères.

Ce groupement Takuba devrait être pleinement opérationnel d’ici l’automne prochain. « Sur le plan tactique, voilà ce qui nous fait espérer qu’on va obtenir une bascule », a confié le général Lecointre, qui prévoit toutefois un « engagement long ».

Cela étant, déployer des forces spéciales européennes auprès de troupes maliennes mal équipées et plus ou moins bien formées sera « périlleux ». Les Européens ne seront pas « à l’abri d’une attaque puissante », avait dit le CEMA aux députés. « Aujourd’hui, globalement, les Européens et la force Barkhane sont à l’abri d’une attaque, notre puissance dissuadant l’ennemi. Lorsque nous serons moins nombreux, le danger sera plus grand. C’est l’autre raison pour laquelle nous prévoyons de commencer par déployer des forces spéciales », avait-il ajouté.

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