Le Pentagone étudie des options pour réduire la présence militaire américaine en Afrique

La déclaration finale publiée à l’issue du sommet de Pau, qui a réuni, le 13 janvier, la France et les membres du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad], a exprimé « la reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par les États-Unis » dans la lutte contre le terrorisme dans la région.

Or, peu avant, c’est à dire à son arrivée à Bruxelles pour prendre part à une réunion du comité militaire de l’Otan, le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées américain, a confirmé l’intention de Washington de réduire fortement le volume de ses troupes actuellement engagées en Afrique.

En décembre, le New York Times avait en effet révélé que le chef du Pentagone, Mark Esper, était en train de revoir le dispositif militaire américain dans le monde en prenant en compte les priorités de la nouvelle stratégie de défense des États-Unis, publiée en janvier 2018. Pour rappel, ce document insiste sur la réponse à apporter aux « défis » posés par les « puissances révisionnistes », à savoir la Chine et la Russie, la lutte contre le terrorisme devant passer au second plan.

Selon le général Milley, les moyens actuellement déployés au Moyen-Orient et en Afrique « pourraient être réduits pour être ensuite redirigés soit pour améliorer la préparation de nos forces aux États-Unis soit vers le Pacifique. » Et d’ajouter : « Nous sommes en train d’élaborer des options pour le secrétaire à la Défense ».

Cela étant, a précisé le général Milley, la réflexion en cours se fait « en coordination avec nos alliés et nos partenaires dans les zones concernées. » Toutefois, il est prêté à M. Esper l’intention de fermer la base d’Agadez, au Niger, où l’US Air Force vient à peine de commencer ses opérations aériennes avec des drones MQ-9 Reaper, après y avoir investi près d’une centaine de millions de dollars.

Évidemment, un désengagement américain d’Afrique, et de la région sahélienne en particulier, compliquerait grandement les opérations de la force française Barkhane, notamment dans les domaines du renseignement, de la logistique et du ravitaillement en vol, qui est une capacité clé [et cruciale] quand il s’agit de faire voler des avions de combat dans une région grande comme l’Europe.

Un retait américain en Afrique « serait une mauvaise nouvelle pour nous », a commenté le président Macron, lors de la conférence de presse donnée à l’issue du sommet de Pau. « J’espère pouvoir convaincre le président Trump que la lutte contre le terrorisme se joue aussi dans cette région et que le sujet libyen n’est pas séparable de la situation au Sahel et dans la région du lac Tchad », a-t-il ajouté, évoquant le risque d’une « prolifération » du terrorisme en Afrique de l’Ouest.

Toutefois, le général Milley a tenu à souligner qu’aucune décision n’a encore été prise. Et « économiser nos forces ne veut pas dire les ramener à zéro », a-t-il fait observer.

Actuellement, sous l’autorité de l’US AFRICOM, plus de 7.000 militaires américains sont déployés en Afrique, en particulier au Niger et dans la Corne de l’Afrique, où, étant donné son importance stratégique, il est peu probable de voir le Pentagone abandonner le Camp Lemonnier, à Djibouti. En revanche, une réduction des effectifs en Somalie et au Kenya, n’est pas exclue.

Reste que, si leur stratégie de défense vise à contrer la Chine et la Russie, les États-Unis ne peuvent pas se désinteresser de l’Afrique, où, justement, ces deux puissances renforcent leur présence économique, voire militaire.

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