L’horloge tourne et aucun accord sur le prix du drone MALE européen n’a encore été trouvé, selon Mme Parly

Lors de son dernier passage devant les députés de la commission de la Défense, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, s’était dit confiant au sujet d’un accord concernant le programme de l’Eurodrone [ou MALE RPAS], le drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen, conduit dans le cadre d’une coopération association Airbus, Dassault Aviation et Leonardo.

Le litige entre les États clients [dont la France] et les industriels impliqués dans ce projet portait alors sur le prix de l’appareil, ce dernier étant de 30% plus cher que prévu. Même plus si l’on en croit les chiffres avancés par l’hebdomadaire Challenges.

« La Direction générale de l’armement, après avoir envisagé de la limiter à 6 milliards, veut rester dans une enveloppe de 7 milliards d’euros. La facture proposée par les industriels serait de 9,8 milliards d’euros », avait-il avancé en décembre dernier.

Qui plus est, cet Eurodrone devant être doté de deux moteurs pour propulser ses 10 tonnes [une masse deux fois plus importante qu’un MQ-9 Reaper américain…], les coûts d’exploitation et de maintien en condition opérationnelle devraient être également élevé…

Lors du salon de l’aéronautique et de l’espace, en juin 2019, la ministre des Armées, Florence Parly, avait laissé entendre que ce programme de drone européen pourrait ne pas aller jusqu’au bout si les industriels ne baissaient pas la facture. « Nous avons devant nous une période de négociations intenses qui s’ouvre, et j’espère que nous serons en mesure d’annoncer conjointement de bonnes nouvelles d’ici la fin de l’année », avait-elle cependant assuré.

Or, l’année 2019 est terminée… Et aucun accord n’a été trouvé, malgré des « discussions viriles » évoquées par M. Barre. C’est ce qu’a en effet indiqué la ministre, ce 11 janvier, sur les ondes de France Inter. « L’Eurodrone est un projet pour lequel nous avons mis la balle dans le camp des industriels puisque nous avons notifié des spécifications techniques et un budget, dont nous attendons qu’ils le respectent. Et pour l’instant, en effet, ça reste trop cher », a-t-elle lâché.

Or, dans leur rapport pour avis sur les crédits alloués en 2020 au programme 146 « Équipement des forces », les sénateurs Cédric Perrin et Hélène Conway-Mouret avaient estimé que le projet d’Eurodrone risquait d’être « compromis » si aucun accord n’était trouvé avec les industriels d’ici la fin de l’année 2019.

« La tentation pourrait alors exister, même pour les pays qui ont participé à ce programme, soit d’acheter un matériel non-européen, soit du moins d’acheter un vecteur sur étagère, pour y greffer une charge nationale. La faisabilité d’une telle solution de repli resterait évidemment encore à expertiser et est contestée par certains experts. Reste que la question du prix se pose aujourd’hui de façon aigüe », avaient prévenu les deux parlementaires.

Pour rappel, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoit de doter l’armée de l’Air de « 6 systèmes Eurodrone », composés chacun de trois vecteurs aériens ainsi que deux stations sol à l’horizon 2025.

Pour la petite histoire, le 30 décembre, le constructeur indonésien PT Dirgantara Indonesia a dévoilé le PUNA, un drone MALE d’une endurance de 24 heures [qui sera portée à 36 heures ultérieurement] et dont le développement a commencé en 2015. Deux premiers prototypes devraient prendre l’air dans le courant de l’année. Ce qui ne sera sans doute pas encore pour l’Eurodrone.

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