Coalition anti-jihadiste : L’Allemagne va « provisoirement » retirer une partie de ses soldats déployés en Irak

Dans une lettre envoyée à l’état-major irakien, le général William H. Seely, commandant des opérations militaires américaines en Irak, a annoncé que les États-Unis avaient l’intention de redéployer leurs troupes ainsi que celles de la coalition anti-jihadiste [opération Inherent Resolve, ndlr] en vue d’un « retrait sécurisé et efficace » du pays.

« Nous respectons votre décision souveraine qui ordonne notre départ », a écrit le général Seely, au lendemain du vote d’une résolution par le Palement irakien exigeant du gouvernement le retait des « forces étrangères » d’Irak. Seulement, si le courrier est authentique, il n’aurait jamais dû être envoyé…

Il a été « envoyé par erreur » a affirmé le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées américain. « C’était un projet [de lettre] non signé, envoyé à quelques responsables militaires irakiens parce que les mouvements de troupes américaines en Irak se sont accrus ces derniers jours », a-t-il expliqué. « C’est une erreur commise en toute bonne foi », a-t-il insisté.

Quant au contenu de la missive, le général Milley a estimé que le passage relatif au repositionnement des forces avait été « mal formulé » car il sous-entendait un « retrait ». Alors que « ce n’est pas ce qui se passe ».

Le chef du Pentagone, Mark Esper, a été plus direct. « Aucune décision n’a été prise de quitter l’Irak. Point », a-t-il dit à la presse.

Quant à la résolution votée par le Parlement irakien après l’élimination, par une frappe américaine, du général Qassem Soleimani, le chef de la force iranienne al-Qods, et d’Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de milices chiites irakiennes pro-Téhéran, M. Esper a mis en doute sa légitimité.

« Aucun des Kurdes n’a participé, la quasi-totalité des sunnites n’a pas participé et beaucoup de chiites ont participé sous la menace », a fait observer M. Esper. « Les Irakiens ne veulent pas que nous partions » car « ils savent que les États-Unis sont là pour les aider à devenir un pays souverain, indépendant et prospère. Ce ne sont pas les intentions de l’Iran. L’Iran veut les contrôler et en faire un État supplétif », a-t-il dit.

La motion adoptée par le Parlement irakien [à main levée, par 168 députés présents sur 329] n’est pas juridiquement contraignante. Et, pour le moment, le gouvernement [démissionnaire] n’y a pas donné suite.

Quoi qu’il en soit, l’Allemagne a déjà pris la décision de réduire « provisoirement » sa présence militaire en Irak. Actuellement, la Bundeswehr dispose de 130 soldats dans le pays. Avant la décision de la coalition anti-jihadiste de revoir son dispositif afin d’accroître la sécurité des forces déployées, près de 90 militaires allemands se trouvaient au Kurdistan irakien tandis que 27 assuraient une mission de formation au profit des troupes irakiennes au camp de Taji, au nord de Bagdad. Ce sont ces derniers qui seraient concernés par le retrait partiel décidé par Berlin.

A priori, la crainte de l’état-major allemand, rapporte la radio publique Deutsche Welle, est que des soldats irakiens formés par la Bundeswehr puissent avoir de la « sympathie pour les milices » chiites pro-Iran et tourner leurs armes vers leurs instructeurs.

Cela étant, a avancé le ministère allemand de la Défense, « nous avons pris note du vote du Parlement irakien », a avancé le ministère allemand de la Défense. « Cependant, le gouvernement irakien n’a pas encore décidé le retrait de toutes les forces étrangères de la coalition », a-t-il aussi souligné.

« L’Allemagne est fondamentalement prête à continuer de soutenir l’Irak dans la lutte contre le groupe terroriste ‘État islamique’. Cependant, la condition préalable est que cela soit souhaité [par Bagdad] et que la situation le permette. Notre principal intérêt est que la stabilité et l’unité de l’Irak ne soient pas victimes de la récente escalade » entre les États-Unis et l’Iran, a expliqué Heiko Maas, le chef [social-démocrate] de la diplomatie allemande des Affaires étrangères.

« Naturellement, nous respecterons toute décision souveraine du gouvernement irakien », a aussi affirmé M. Maas, tout en prévenant que la réduction des forces de la coalition anti-jihadiste pourrait « conduire à un renforcement de l’État islamique dans la région et provoquer une plus grande instabilité. »

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