Les Forces armées en Guyane ont trouvé un nouveau procédé pour détruire les chantiers d’orpaillage illégaux

En Guyane, la lutte contre l’orpaillage illégal, dû aux « garimpeiros » venus du Brésil ou du Surinam, est incessante. À peine un chantier clandestin est-il détruit que, souvent, il est remis en état quelques semaines, voire quelques jours plus tard.

Ce qui fait que les derniers relevés effectués par hélicoptère dans le Parc amazonien de Guyane montrent une nouvelle hausse des sites illégaux d’orpaillage, malgré les résultats obtenus lors des missions menées par les Forces armées en Guyane [FAG] et la Gendarmerie nationale dans le cadre de l’opération Harpie.

D’où le nouveau mode opératoire suivi par le 9e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], lors d’une récente intervention sur le site de Saint-Jean de l’Abounami, qui abrit[ait] le plus important chantier d’orpaillage illégal de Guyane, selon l’État-major des armées [EMA]. C’est dans cette zone que, en juillet dernier, trois sapeurs du 19e Régiment du Génie [RG] ont perdu la vie lors de la destruction de galeries exploitées par les orpailleurs illégaux.

Pour extraire les paillettes d’or contenues dans les blocs de quartz récupérés dans des galeries, les garimperos utilisent des concasseurs pesant environ 300 kg. Généralement, quand les circonstances le permettent, les FAG font enlever ces machines par hélicoptère lors de la destruction d’un chantier illégal. Le cas échéant, les militaires se contentent d’en retirer leurs axes, ce qui les empêchent de fonctionner… temporairement.

Désormais, il ne sera plus besoin de chercher à évacuer les concasseurs utilisés par les garimpeiros.

La dernière opération conduite par la 2e compagnie du 9e RIMa [armée par le Régiment de Marche du Tchad, ndlr] à Saint-Jean de l’Abounami a d’abord mobilisé les commandos de recherche et d’action dans la jungle afin de sécuriser la zone où devaient se poser les hélicoptères. Puis une section d’infanterie a pris rapidement le contrôle du site de production principal, ce qui n’est pas toujours une tâche aisée, les garimpeiros ayant la gâchette facile.

Puis de la reconnaissance et la fouille du site, la compagnie du 9e RIMa, renforcée par des plongeurs de combat du génie [PCG] du 13e RG, ont mis la main sur 17 concasseurs. « Certains ont parfois dû être déterrés intégralement », a précisé l’EMA.

Dans le même temps, les militaires ont fait acheminer 150 kg d’explosifs par hélicoptère. Le but? Faire sauter un barrage qui avait été illégalement construit par les garimpeiros afin de pouvoir obtenir l’eau nécessaire à leur activité. L’explosion provoquée par les sapeurs a non seulement détruit ce barrage mais fait effondrer les galeries du site.

Quant aux concasseurs, ils ont été détruits sur place [ce qui a fait économiser quelques heures de vol aux hélicoptères] grâce un oxycoupeur [ou chalumeau découpeur], c’est à dire un outil coûtant quelques centaines d’euros.

« Pour la première fois dans le cadre de l’opération HARPIE, les PCG ont mis en application un nouveau mode de destruction en employant un oxycoupeur, moyen permettant le découpage par fusion. Ce nouveau matériel acquis par le 9e RIMa apporte une capacité de destruction de matériels à haute valeur ajoutée directement sur le terrain. L’oxycoupeur s’inscrit comme un moyen de destruction efficace et facile d’utilisation dans la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane », explique l’EMA.

Reste maintenant à voir le temps que mettront les garimpeirons pour remettre en état ce chantier clandestin, s’il est possible de le faire. Le souci, comme l’a expliqué le géographe François-Michel Le Tourneau, qui conduit une étude sur les orpailleurs illégaux en Guyane, les « prix pratiqués dans les zones d’orpaillage rendent l’investissement de départ rentable et le risque supportable. Ainsi s’explique le fait qu’on trouve toujours plus de quads, de pirogues ou de moteurs dans l’intérieur de la Guyane ». D’où l’intérêt de perturber leurs flux logistiques, comme lors de la récente opération PIMAN, conduite par les FAG.

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