La Turquie envisage d’établir une base navale dans le nord de Chypre

Déjà qu’elles étaient très compliquées, les relations entre la République de Chypre et la Turquie se sont passablement dégradée depuis la découverte de réserves importantes de gaz naturel dans la zone économique exclusive chypriote. En effet, Ankara prétend vouloir faire profiter la République turque de Chypre Nord [RTCN, la partie septentrionale de l’île qu’elle occupe depuis 1974] de cette manne.

Ces dernières semaines, la tension est montée d’un cran avec la signature d’un protocole d’accord sur les frontières maritimes par Ankara et le Gouvernement d’union nationale libyen [GNA], installé à Tripoli. Accord qui permettrait à la Turquie d’étendre de 30% la superfice de son plateau continental, ce qui empêcherait Athènes, Nicosie et Le Caire de trouver une entendre pour délimiter leurs zones maritimes respectives et qui torpillerait les projets relatifs à l’exploitation de ces réserves de gaz [dont le projet de gazoduc EastMed].

« Le protocole d’accord entre la Turquie et la Libye sur la délimitation des juridictions maritimes en mer Méditerranée viole les droits souverains d’États tiers, est contraire au droit de la mer et ne saurait avoir de conséquences juridiques pour les États tiers. Le Conseil européen réaffirme sans équivoque sa solidarité avec la Grèce et Chypre en ce qui concerne ces actions de la Turquie », a cependant fait valoir l’Union européenne, le 12 décembre dernier.

Quoi qu’il en soit, et après avoir annoncé le déploiement d’un drone tactique Bayraktar TB2 à Gecitakle, près de Famagouste, la capitale de la RTCN, la Turquie aurait l’intention d’accroître ses capacités navales dans la région.

En septembre 2018, et alors qu’Ankara venait d’annoncer un renforcement de sa présence militaire sur le territoire de la RTCN, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait rejeté l’idée d’y installer une base navale.

« Nous n’avons pas besoin de construire une base là-bas » étant donné que la marine turque peut y intervenir « en quelques minutes », avait expliqué M. Erdogan. Cependant, avait-il continué, cela aurait une « dimension psychologique ». Et de conclure : « Si nous en ressetons le besoin, nous le ferons. »

Apparemment, ce besoin s’est fait sentir… En effet, selon le quotidien Milliyet, une équipe d’expert, composée de « membres des forces armées turques », a été envoyé en RTCN afin d’évaluer la possibilité d’installer une base navale à Gazimağusa.

La base navale turque la plus proche de Chypre est celle d’Aksaz. En construire une nouvelle en RTCN serait utile pour soutenir les opérations de la marine turque tout en « permettant le déploiement à long terme d’éléments navals et aériens », explique Milliyet.

Actuellement, les frégates turques escortent les navires envoyés par Ankara dans la ZEE de la République de Chypre pour y mener des activités de prospection, malgré les avertissements de l’Union européenne et des États-Unis.

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