Le Pentagone met en garde ses soldats contre les kits ADN « récréatifs »

Bien que décriés et interdits en France [mais autorisés à l’étranger], les kits de tests ADN « récréatifs », commercialisés par des entreprises comme Ancestry, My Heritage ou Ancestry connaissent un certain succès auprès des Français : 100.000 d’entre-eux, au moins, en ont acheté via Internet pour quelques dizaines d’euros, avec l’espoir d’en savoir plus sur leurs origines… et au risque d’avoir à payer une amende au montant relativement élevé.

En effet, l’article 226-28-1 du Code pénal précise que le « fait, pour une personne, de solliciter l’examen de ses caractéristiques génétiques ou de celles d’un tiers, ou l’identification d’une personne par ses empreintes génétiques en dehors des conditions prévues par la loi est puni de 3.750 euros d’amende. »

Cela étant, le fonctionnement de ces kits ADN est simple : il suffit de déposer de la salive sur des sortes de coton-tiges, lesquels sont ensuite envoyés à un laboratoire [souvent installé aux États-Unis]. Dans le même temps, il faut activer un compte en ligne. Puis, les résultats sont envoyés environ quatre semaines plus tard.

Reste que ces kits ADN soulèvent plusieurs questions, notamment sur l’exploitation des données génétiques collectées par les entreprises qui les commercialisent ainsi que sur leur fiabilité. Et, pour le Pentagone, ils sont susceptibles de poser d’autres problèmes, au point que le secrétaire à la défense adjoint pour le renseignement, Joseph D. Kernan, a co-signé une note pour mettre en garde les soldats américains contre leur utilisation.

Ces tests ADN commerciaux, « particulièment non régulés », sont de nature à « révéler des informations personnelles et génétiques » et pourraient « potentiellement avoir des conséquences imprévues pour les forces armées et leurs missions » ainsi que sur la « carrière » des militaires américains, prévient ce mémo, qui laisse entendre que ces derniers ont pu faire l’objet de publicité ciblées afin de leur proposer des réductions sur les kits vendus par les entreprises spécialisées.

« L’exposition d’informations génétiques sensibles à des tiers pose des risques personnels et opérationnels aux militaires », précise le mémo.

A priori, la crainte des responsables du Pentagone est de voir tomber les données génétiques de ses soldats [dont certains doivent rester anonymes, comme ceux des forces spéciales] entre de mauvaises mains.

« La communauté scientifique est de plus en plus préoccupée par le fait que des tiers exploitent l’utilisation des données génétiques à des fins discutables, y compris la surveillance de masse et la possibilité de suivre les individus sans leur autorisation ou leur connaissance », explique en effet cette note.

Par ailleurs, ces tests ADN sont susceptibles de déceler de manière « involontaire » des « marqueurs de certaines maladies et affections [génétiques] qui pourraient finir par affecter la carrière d’un militaire », a commenté un porte-parole du Pentagone. Surtout si ces kits « récréatifs » ne sont pas aussi fiables que le disent les sociétés qui les vendent.

Justement, au moins deux d’entre-elles ont réagi à cette mise en garde du Pentagone. « Tous nos clients peuvent être assuré que nous mettons tout en oeuvre pour protéger leur vie privée et que les résultats que nous leur fournissons sont très précis », a commenté un porte-parole de 23 and Me, auprès d’ABC News.

Seulement, cette même entreprise avait revendu, en 2017, une partie de ses données au géant pharmaceutique GlaxoSmithkline… Mais elle avait assuré qu’elle avait eu l’accord de ses clients.

Ces derniers « contrôlent la façon dont leurs données sont partagées et comment elles sont stockées. […] Ils peuvent choisir de conserver leur échantillon dans notre laboratoire ou de le faire détruire. Ils peuvent également télécharger leurs informations et fermer leur compte à tout moment », a fait valoir le porte-parole de 23 and Me. Une entreprise concurrente, Ancestry, a défendu la même ligne.

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