Barkhane est sous la menace d’une réduction éventuelle de la présence militaire américaine en Afrique de l’Ouest

Lors du sommet de l’Otan, organisé à Londres les 3 et 4 décembre dernier, le président Macron avait souligné l’importance de l’apport américain aux forces françaises engagées dans l’opération Barkhane, menée contre les groupes jihadistes sévissant dans la bande sahélo-sahararienne [BSS]. Ce soutien se traduit notamment par des missions de ravitaillement en vol et de collecte de renseignements, pour un coût annuel de 45 millions de dollars.

Seulement, selon le New York Times, le chef du Pentagone, Mark Esper, est en train de revoir le dispositif militaire américain dans le monde, en se focalisant sur les priorités définies par la nouvelle Stratégie de défense nationale des États-Unis, publiée en janvier 2018.

Pour rappel, ce document place la lutte contre le terrorisme au second plan des priorités du Pentagone, ce dernier devant mettre l’accent sur les « défis posés par la Russie et la Chine ». Et c’est justement ce que M. Esper compte faire en désengageant les forces américaines des missions de contre-terrorime

Deux commandements régionaux sont donc particulièrement concernés : l’US Africom [Afrique] et l’US Centcom [Asie centrale et Moyen-Orient].

La semaine passé, M. Esper avait indiqué qu’il souhaitait réduire le format des forces américaines en Afghanistan « avec ou sans » accord de paix avec les talibans afin de réorienter ces troupes vers de nouvelles missions ou de les « redéployer dans la région Indo-Pacifique » pour faire face à la Chine. D’après le New York Times, il serait question de faire la même chose en Irak, où 5.000 soldats américains sont actuellement déployés. L’idée serait de diviser leurs effectifs par deux.

Quant à l’US Africom, qui dispose d’environ 6.000 à 7.000 soldats engagés dans des opérations au Sahel [notamment au Niger, où une base de l’US Air Force est récemment devenue opérationnelle à Agadez] et dans la Corne de l’Afrique [Djibouti et Somalie], il devrait être le plus impacté par ce redéploiement envisagé par le chef du Pentagone.

« Les réductions proposées par M. Esper se concentreraient très probablement sur les centaines de soldats actuellement déployés dans des pays comme le Niger, le Tchad et le Mali », écrit en effet le New York Times.

Si la priorité des États-Unis est effectivement de répondre aux défis posés par la Chine et la Russie, cette réduction drastique de leurs forces présentes en Afrique n’est pas forcément un bon calcul étant donné que l’influence chinoise et russe ne cesse de s’y développer…

Ce que le chef de l’US Africom, le général Stephen J. Townsend, a du mal à expliquer, rapporte le quotiddien new-yorkais, qui précise par ailleurs qu’un tel désengement irait à l’encontre des initiatives récentes prises par le département d’État pour lutter contre les groupes jihadistes au Sahel.

Mi-novembre, la diplomatie américaine a indiqué qu’elle souhaitait une réunion de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis et actuellement active au Levant afin de contrer l’expansion de l’État islamique [EI] en Afrique de l’Ouest.

Cela étant, cette tentation de l’administration Trump de réduire fortement la présence militaire américaine en Afrique n’est pas nouvelle. En 2018, il était question d’y réduire 10% des effectifs. La réduction devait même plus prononcée pour les forces spéciales, leurs effectifs devant être réduits de moitié en trois ans.

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