La modernisation des blindés « Pandur » de l’armée belge fait polémique

La composante terrestre de la Défense belge dispose d’une quarantaine de blindés 6×6 Pandur « Recce & Observation », acquis en 1996 auprès du contructeur autrichien Steyr-Puch. Ce véhicule d’environ 13 tonnes est doté d’un blindage pouvant résister à des impacts de munution de 7,62 mm.

« Le Pandur est peu bruyant et peut donc effectuer une approche de très près avant d’être entendu. Si les pneus sont atteints par des tirs, le véhicule peut continuer de rouler, grâce à des roues en caoutchouc dur, avec encore une certaine sécurité », précise par ailleurs la Défense belge.

Afin de prolonger leur durée de vie et d’améliorer leurs capacités e leur blindage, le ministère belge de la Défense a décidé de les moderniser, dans le cadre d’un marché d’une valeur de 31 millions d’euros, confié à Mowag. Or, selon la chaîne publique VRT, le résultat ne serait pas à la hauteur des attentes.

En effet, d’après des documents internes de la Défense belge, la VRT a révélé que ces Pandur modernisés présenteraient, actuellement, des défauts pouvant être rédhibitoires.

Ainsi, l’ajout d’un fond blindé pour améliorer la protection contre les mines et les engins explosifs improvisés ainsi que l’intégration d’une climatisation ont alourdi les Pandur [ce qui a une incidence sur le système de freinage], tout en rendant leur habitacle « fort exigu » pour militaires mesurant plus de 1m70. Ce que corroborent les photographies publiées par le média belge.

« Un groupe test a constaté que les modifications entraînaient ‘un risque très élevé [à l’usage]’ et rendaient la vie à bord très inconfortable », avance la VRT. Et d’ajouter que la conclusion de ce groupe est que les Pandur « ne sont pas opérationnels et peu pratiques. »

Évidemment, ces problèmes concernant les Pandur n’ont pas manqué d’être exploités politiquement. « Manifestement, cette décision […] de moderniser le Pandur plutôt, par exemple, de le remplacer par d’autres véhicules de reconnaissance, était une ineptie. Elle a conduit à une dépense inutile de 30 millions d’euros. A l’heure où les dépenses publiques sont compressées et où la Défense se plaint d’un manque d’investissement, il importe pourtant que chaque dépense soit bien pensée, plutôt que de voir l’argent jeté par les fenêtres! », a fait valoir Julie Chanson [Ecolo].

Sur ce point, si son budget n’avait pas constamment été réduit au cours de ces dernières années, sans doute que la Défense belge aurait pu effectivement envisagé l’achat de véhicules neufs pour remplacer les Pandur, qui, si on les compare aux VAB de l’armée de Terre française, sont encore relativement jeunes.

Quoi qu’il en soit, l’état-major belge s’est invité dans la polémique en relativant les informations livrées par la VRT.

« La seule chose qui est particulière à ce programme-ci, c’est qu’en fait comme on a des industriels différents [qui interviennent] ce n’est pas l’ancien véhicule qui rentre au début de la chaîne et qui sort complètement fini à la fin, ce que l’on a ce sont des étapes intermédiaires, et clairement après la première étape, le véhicule n’est pas directement utilisable. Dire que ce véhicule-là est le véhicule que l’on va mettre en opération, ça n’a pas de sens. Il ne sera prêt qu’une fois qu’il aura subi l’ensemble des modifications », a ainsi expliqué l’amiral Yves Dupont, responsable des systèmes d’armes de la défense, dont les propos ont été rapportés par la RTBF.

Quant à l’exiguïté de l’habitacle des Pandur modernisés, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. La taille de 1m70 exigée est en réalité une « moyenne basse » commune à beaucoup de blindés d’ancienne génération. « Dans ce genre de véhicule, on a des limitations sur la taille depuis longtemps », a fait valoir l’amiral Dupont, qui a assuré que la modernisation des blindés irait à son terme, c’est à dire jusqu’en 2023.

Photo : (c) Défense belge

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