Attaque d’Inates : Les soldats nigériens se sont battus « comme des lions » contre les jihadistes
Le 10 décembre, au Niger, le camp militaire d’Inates, situé à seulement cinq kilomètres de la frontière malienne, était de nouveau la cible d’une attaque de l’État islamique au grand Sahara [EIGS], menée par « plusieurs centaines » de jihadistes. Les combats, d’une rare intensité durèrent plus de trois heures.
Si l’objectif de l’EIGS était d’infliger des pertes les plus lourdes possibles aux forces armées nigériennes pour qu’il y ait une forte résonance médiatique, alors il l’a atteint, puisque 71 soldats y ont laissé la vie et que 12 ont été portés disparus. Mais à quel prix?
Selon plusieurs sources, 57 assaillants ont été tués lors des combats. Et ce n’est qu’une estimation basse dans la mesure où les jihadistes font en sorte ne de pas laisser leurs morts sur le terrain. Prudent, le gouvernement nigérien a parlé d’un « nombre important de terroristes neutralisés ».
Quoi qu’il en soit, les soldats nigériens ont fait plus que ce qu’ils pouvaient pour contrer l’assaut de jihadistes largement supérieurs en nombre, qui plus est très bien armés. C’est ce qu’a souligné le président Mahamadou Issoufou, lors de l’hommage rendu aux militaires tombés à Inates, le 13 décembre.
« Les soldats du poste militaire de reconnaissance d’Inates se sont battus, comme des lions, contre un ennemi sans humanité », a affirmé le président nigérien, qui a rendu un hommage appuyé au commandant Hassane Anoutab, qui commandait la garnison lors de l’attaque [voir photo ci-dessus].
« Commandant Hassane Anoutab, depuis ce jour funeste du mardi 10 décembre 2019, tu es entré dans la légende et ton nom évoque désormais la figure du guerrier, du héros. Tu es mort les armes à la main, n’ayant jamais envisagé que l’alternative de la victoire ou de la mort. […] Tu es mort dans la gloire. Tu n’éprouveras jamais la honte que ressentent les lâches. Tu as fini ta vie comme tu l’as toujours vécue, dans le courage, l’honneur et la dignité », a déclaré Mahamadou Issoufou au sujet de cet officier, promu au grade supérieur à titre posthume.
Âgé de 56 ans, le lieutenant-colonel Anoutab, décrit par ses proches comme étant droit, jovial et extrêmement généreux, aurait pu partir en retraite au regard de ses états de service. Mais, selon le président Issoufou, il a fait « le choix d’accepter la proposition […] de continuer à servir » [la] patrie. »
« Lieutenant-colonel Hassane Anoutab, tes 70 soldats et toi, avez fait acte de courage ; c’est en cela que votre mort est glorieuse. […] La Nation entière est fière de vous. Vous avez consenti le sacrifice de vos vies pour protéger le Niger de la barbarie de ceux qui, tels des vampires, n’aspirent qu’à s’abreuver de sang, de ceux qui détruisent non seulement des vies mais notre religion elle-même. Jamais, en effet, l’islam n’a connu d’arme de destruction aussi massive et aussi redoutable que le terrorisme », a ensuite continué M. Issoufou.
Le 17 décembre, lors d’un discours télévision prononcé à l’occasion du 61e anniversaire de la République du Niger, le président Issoufou est revenu sur l’attaque de la garnison Inates, pour saluer encore une fois le courage de ses défenseurs.
« Nos soldats qui sont tombés au champ d’honneur s’étaient battus avec courage, infligeant beaucoup de pertes à l’ennemi », a-t-il de nouveau souligné. Et d’annoncer que, pour « immortaliser sa bravoure, la place publique attenante à l’hôtel des postes [de Niamey] portera désormais le nom du lieutenant-colonel Hassane Anoutab. »
« Je voudrais que chaque jeune qui viendra à cette place puisse se rappeler que le nom qu’elle porte est celui d’un héros », a insisté M. Issoufou.
« L’attaque d’Inates et celles qui l’ont précédé nous rappellent que nous sommes en guerre contre un ennemi perfide […] qui ne respecte rien, même pas les règles de notre religion dont ils se réclament avec effronterie », a continué le président nigérien.
« Nous conforterons nos alliances » pour « gagner la guerre, quel que soit le temps que cela prendra », a-t-il ensuite assuré. À ce propos, il rencontrera son homologue français, Emmanuel Macron, qui, après une visite en Côte d’Ivoire, se rendra à Inates pour rendre hommage aux soldats nigériens.
Photo : Le lieutenant-colonel Hassane Anoutab – DR