Barkhane : Le général Lecointre assure que la collision des deux hélicoptères n’a pas été causée par les jihadistes

La semaine passée, l’Office européen de police [Europol] s’était félicité d’avoir mené une cyberattaque contre la propagande en ligne de l’État islamiques, en partie grâce à une coopération avec l’application Telegram. Cependant, c’est via ce canal que l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP], qui assure la communication de l’État islamique au grand Sahara [EIGS], a publié un communiqué pour revendiquer une action ayant conduit à la collision de deux hélicoptères de la force Barkhane [Cougar et Tigre, ndlr], le 26 novembre [13 militaires français tués].

Assurant avoir tendu une embuscade à un détachement de Barkhane dans la région de Menaka, l’État islamique a affirmé qu’un hélicoptère transportant des renforts pour reforcer les troupes au sol [qui serait donc le Congar] a tenté d’atterrir. « Les soldats du califat ont tiré en direction de l’appareil, le forçant à se retirer et au final il est entré en collision avec un autre hélicoptère [le Tigre] causant la mort de 13 soldats », a-t-il prétendu.

« C’est absolument faux », a répondu le général François Lecointre, le chef d »état-major des armées [CEMA], ce 29 novembre, sur les ondes de RFI. « Ce qui est vrai […] dans l’état actuel des connnaissances que l’on a, et je ne m’aventurerai certainement pas au-delà, c’est qu’il y a eu collision entre deux hélicoptères, dans une opération de combat très complexe, qui nécessite dans une opération et dans une ambiance dure de concentration de combat, une très fine coordination »et qu’il « n’y a pas eu de prise à partie par les jihadistes qui étaient poursuivis et marqués au sol. Il n’y a pas eu de retrait d’un appareil face à un tir de jihadistes », a-t-il expliqué.

Cela étant, il fallait s’attendre à voir l’État islamique exploiter ce drame pour sa propagande et mobiliser ses partisans.

Selon l’EMA, les commandos parachutistes ont pisté un groupe armé terroriste [GAT] dans le secteur d’In Delimane. Une fois ce dernier repéré, ils ont engagé le combat. Ayant des difficultés à le poursuivre, ils ont demandé un appui aérien, lequel a été fourni par une patrouille de Mirage 2000, puis par deux hélicoptères d’attaque Tigre.

Or, à aucun moment le Cougar, qui transportait une équipe d’extraction armée par les commandos de montagne, n’avait vocation à atterrir, sa mission étant de porter assistance aux équipages des Tigre en cas de difficultés les contraignant à se poser.

Quoi qu’il en soit, a assuré le CEMA, « l’armée française dit la vérité » parce que « d’abord nous la devons à nos soldats » ainsi qu’aux « familles de nos compagnons d’armes qui sont morts. »

Actuellement, a rappelé le général Lecointre, plusieurs enquêtes [techniques, commandement] sont en cours. Elles « permettront de tirer les enseignements de ce moment d’engagement opérationnel très intenses », a-t-il dit. « Les boîtes noires [du Tigre et du Cougar, ndlr] vont être exploitées pour avoir les détails précis sur la manière dont nos soldats sont morts », a-t-il poursuivi.

« En tout cas, a insisté le général Lecointre, je peux absolument témoigner aujourd’hui, et je ne m’aventurerai jamais à aller dire quelque chose qui ne serait pas strictement vrai, […] qu’il n’y a pas eu de prise à partie des jihadistes sur nos hélicoptères. »

Par ailleurs s’agissant du dispositif déployé pour neutraliser le groupe jihadiste en question, doté d’un pick-up et de plusieurs motos, le CEMA a expliqué que, de manière générale, les forces françaises engagent des moyens assez importants afin d’établir un rapport de force qui leur soit systématiquement favorable. Cela permet de maîtriser les effets et d’éviter les dommages collatéraux… et aussi de capturer des combattants ennemis « qui vont nous donner des renseignements » susceptibles de conduire au démantèlement d’autres réseaux terroristes.

En outre, a estimé le général Lecointre, compte tenu de la zone où s’est produit l’accident des deux hélicoptères, il est « probable que les jihadistes face auxquels nous étions avaient parmi eux des chefs assez importants ».

Mais à la question de savoir si le chef de l’EIGS, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, était dans le lot, le CEMA a refusé de répondre. « Je n’ai pas à m’exprimer sur ce type de renseignement », a-t-il dit.

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