Après l’offensive turque, les forces spéciales françaises seraient toujours présentes auprès de leurs « partenaires » en Syrie

Généralement, quand une question sur la présence des forces spéciales françaises dans le nord-est de la Syrie lui est posée, la ministre des Armées, Florence Parly, répond qu’elle n’a aucun commentaire à faire sur ce sujet.

Ce 27 novembre, à l’antenne de France Inter, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] a cependant donné quelques précisions, alors qu’il lui était demandé sur les forces spéciales françaises avaient été fragilisées et mises en danger après le « retrait unilatéral voulu par le président Trump ».

Pour rappel, le 7 octobre, la Maison Blanche avait annoncé que les troupes américaines, jusqu’alors déployées auprès des Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde] pour empêcher la résurgence de l’État islamique [EI ou Daesh], allaient « s’éloigner » de la frontière turque, laissant ainsi le champ libre à Ankara, qui ne cachait plus son impatience pour lancer une offensive contre les milices kurdes syriennes [YPG] dans le nord-est de la Syrie afin d’y établir une zone de sécurité destinée à accueillir les réfugiés syriens actuellement présent sur son sol. « Nous n’avons pas besoin d’être engagés dans des guerres sans fin, nous ramenons nos soldats », avait ensuite justifié M. Trump.

Depuis, la Turquie a lancé son offensive, appelée « Source de paix », avec l’appui de groupes armés syriens, accusés pour certains d’avoir commis des crimes de guerre. Puis elle l’a suspendue, après avoir passé un accord avec la Russie.

Actuellement, l’armée turque et ses supplétifs occupent une bande frontalière dans le nord syrien de 120 km de long sur 30 km de profondeur tandis que les forces russes et syriennes ont pris position dans la région, comme à Qamitchli. Quant aux États-Unis, ils maintiennent 500 à 600 soldats en Syrie, notamment pour « protéger » les sites pétroliers et gaziers de la province de Deir ez-Zor.

Un récent rapport de l’inspection général du Pentagone a souligné que la décision de M. Trump avait, in fine, profité à Daesh étant donné que la formation et l’appui fournis par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis aux FDS avaient été interrompus et que certains supplétifs de l’armée turque furent parfois, dans le passé, des complices de l’organisation terroriste. Et il est fait état d’exécutions sommaires, d’expropriations et de pillages dans la zone de sécurité [ou d’insécurité?] désormais contrôlée par Ankara. Des exactions une nouvelle fois dénoncées par l »ONG Human Rights Watch, ce 27 novembre.

Au regard de l’évolution de la situation, la question de la présence des forces spéciales françaises dans le nord de la Syrie, qui avait été signalées par maints indices via les réseaux sociaux et reconnue en mai 2017 par Sylvie Goulard, éphémère ministre des Armées, puis, un an plus tard, par James Mattis, alors chef du Pentagone, ne peut que se poser.

En octobre, alors que l’offensive turque entrait dans son cinquième jour, un communiqué de l’Élysée avait d’ailleurs fait savoir que des mesures allaient être prises « pour assurer la sécurité des personnels militaires et civils présents dans la zone au titre de la coalition internationale contre Daesh ou de l’action humanitaire. »

Sur les ondes de France Inter, le général Lecointre a reconnu que la question était « compliquée. »

« D’abord, il est vrai que les Américains sont des alliés essentiels, en particulier au Levant, où ils conduisent la coalition. Les Américains, en réalité, ne se sont pas retirés. Ils se sont retirés partiellement et c’est vrai que ça a été une surprise extrêmement désagréable pour l’ensemble de leurs partenaires », a dit le CEMA.

« Maintenant, ce que je peux dire, là aussi, du point de vue du militaire que je suis, c’est que les contacts que j’ai avec les chefs opérationnels militaires américains nous ont permis de faire un retrait en ordre et coordonné des zones » concernées par la décision de M. Trump et « qu’ensuite, nous sommes encore dans les zones où sont les partenaires auprès desquels nous devions être encore présents », a expliqué le général Lecointre.

« Nous sommes toujours présents au Levant, dans le ciel syrien et en Irak », a-t-il ajouté. « Et nous sommes présents dans le Golfe persique, et c’est très important, et nous y serons de plus en plus présent », a conclu le CEMA.

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