La Russie propose son avion de combat Su-57 « Felon » aux Émirats arabes unis sous condition

En 2007, l’Inde et la Russie se mirent d’accord pour développer un avion de combat de 5e génération, à savoir le FGFA [Fifth Generation Aircraft], sur la base du projet T-50 PAK FA [Perspektivny Aviatsionny Kompleks Frontovoy Aviatsii, ou Futur Système Aéronautique de l’Aviation du Front], alors conduit par Sukhoï.

Depuis, le projet T-50 PAK FA a accouché de l’avion de combat Su-57 « Felon », dont le premier exemplaire de série doit être prochainement livré aux Forces aerospatiales russes. Quant à l’Inde, elle s’est retirée du projet en avril 2018, les exigences financières russes ayant été jugées beaucoup trop élevées. En outre, New Delhi avait exprimé son mécontentement sur la conduite de cette coopération.

Pour autant, en juillet dernier, le directeur adjoint du Service fédéral russe de la coopération militaire et technique, Vladimir Drozhzhov, est revenu à la charge, en affirmant que la Russie était prête à proposer le Su-57 Felon à l’Inde. Apparemment, et alor que le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou a assuré que le prix unitaire de cet avion avait baissé de 20% [sans plus de précisions…], le gouvernement indien n’a pas donné suite. Ou du moins pas encore.

« Si vous parlez du chasseur de cinquième génération [le Su-57], nous n’avons pas encore examiné cette question. Quand il entrera en service dans vos forces armées, nous pourrons alors prendre une décision », a en effet déclaré l’Air Chief Marshal Birender Singh Dhanoa, le chef d’état-major de la force aérienne indienne, dans un entretien au magazine russe « Red Star ».

Outre l’Inde, et étant donné son exclusion du programme F-35 pour avoir commandé et reçu des systèmes russes de défense aérienne S-400, la Turquie est un autre client potentiel du Su-57 Felon même si, pour le moment, il est question d’une commande de 36 à 48 exemplaires d’un autre avion de combat russe, à savoir le Su-35E.

En tout cas, le président turc, Recep Tayyip Erdodan, et son homologue russe, Vladimir Poutine, ont parlé d’une éventuelle implication de l’industrie turque dans le programme Su-57. Et c’est a priori la condition que met Moscou pour livrer cet appareil aux forces aériennes turques.

« La Russie ne pourra vendre ses avions de chasse Su-57 de cinquième génération à la Turquie que lorsque la demande intérieure initiale sera satisfaite », a affirmé Dmitri Chougaïev, le chef du Service de la coopération militaire et technique russe, en marge du salon Dubaï Airshow 2019, le 17 novembre. En clair, il faudrait attendre que les 76 exemplaires commandés pour équipement trois « régiments » de chasse russes soient livrés pour satisfaire un éventuel achat turc.

Pour autant, la porte à des contrats à l’exportion n’est pas fermée, comme l’a assuré, le lendemain, Sergueï Chemezov, le patron du conglomérat russe Rostec. Et ce dernier n’a pas cité que la Turquie et l’Inde parmi les clients potentiels. En effet, selon lui, les Émirats arabes unis seraient également sur les rangs pour acquérir des Su-57, ce qui serait une pierre lancée dans le jardin des industriels américains et français de l’armement.

Cependant, Moscou mettrait une condition pour vendre son avion de combat de 5e génération, à savoir que les industries des pays acheteurs devront avoir les capacités technologiques nécessaires pour produire certains composants de la version « export » du Su-57 Felon.

« Peu importe qu’il s’agisse des Émirats arabes unis, de l’Inde ou de la Turquie, nous compterons sur ce qu’ils peuvent faire […]. S’ils ne disposent pas de possibilités technologiques, cela signifie simplement que cela ne fonctionnera pas », a ainsi expliqué M. Chemezov.

Cela étant, on ignore si les Émirats arabes unis ont effectivement exprimé leur intention d’acquérir des Su-57 auprès de la Russie… En 2017, il était plutôt question d’un achat de F-35A américains. Des discussions étaient même en cours, ce qui avait été confirmé par le général Stephen Wilson, le numéro deux de l’US Air Force. Et cela marquait une rupture par rapport à la ligne suivie par le président Obama, qui avait mis son veto à toute exportation de l’avion de Lockheed-Martin vers les pays du Golfe afin de ne pas remettre en question la supériorité militaire israélienne dans la région [politique dite du « Qualitative Military Edge »].

Depuis, ce projet s’est ensablé… Et il n’est désormais plus question que d’une modernisation des F-16 mis en oeuvre par les forces aériennes émiraties, comme l’a indiqué Ellen Lord, sous-secrétaire américaine à la Défense pour les acquisitions. Et Dassault Aviation attend également un contrat pour moderniser les Mirage 2000-9 vendus aux Émirats à la fin des années 1990.

En attendant, la coopération entre les Émirats et la Russie a franchi une nouvelle étape avec la décision du groupe d’armement émirati Tawazun de prendre une participation de 50% au capital de VR Technologies, une filiale du constructeur Russian Helicopters, chargée de développer l’hélicoptère léger multimission VRT500.

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