L’Éthiopie aurait transmis à la France une curieuse liste d’achats d’armements
En mars dernier, à l’occasion d’une visite officielle du président Macron à Addis-Abeba, où il rencontra Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien devenu, depuis, lauréat du prix Nobel de la paix pour avoir réconcilié son pays avec l’Erythrée, il fut convenu que la France et l’Éthiopie allaient coopérer plus étroitement sur le plan militaire
Ainsi, il était question d’une aide visant à restaurer les capacités navales éthiopiennes, d’une coopération dans le domaine aérien et d’une « perspective » en terme de formation et d’équipement. « Nous avons conscience de le signer avec un dirigeant qui a décidé de construire la paix dans toute la région et de lutter avec force contre le terrorisme et contre toutes les formes de menace », fit alors valoir M; Macron, en évoquant le rôle d’Abiy Ahmed.
Aussi, que ce dernier ait transmis à Paris une liste d’équipements militaires que ses forces armées envisageraient de se procurer n’est pas surprenant. En revanche, la présence de certains systèmes d’armes cités dans ce document, que l’hebdomadaire Le Point a publié, ce 18 novembre, sont pour le moins surprenants… au point de faire douter de sa véracité ou de son sérieux.
Ainsi, dans un courrier adressé au président Macron en juillet dernier, Abiy Ahmed demande à la France de l’aider à « renforcer » la force aérienne éthiopienne en lui livrant, à crédit, un certains nombres d’équipements, dont 12 avions de combat, 18 hélicoptères, des drones, des systèmes de guerre électronique et deux appareils de transport C-295 produits par Airbus.
Il s’agirait ainsi de renforcer les capacités l’aviation militaire éthiopienne, qui reposent essentiellement sur des MiG-21 ainsi que sur douzaine de Su-27 de facture russe. Et de les mettre à niveau face aux forces aériennes soudanaises [susceptibles de mettre prochainement en oeuvre des Su-35] et égyptiennes [lesquelles sont équipées… de Rafale, de Mirage 2000 et de F-16]
La liste d’achats éthiopienne évoque la commande de Rafale, de 6 hélicoptères d’attaque Tigre HAD [appui et destruction] ainsi que 6 H225M [Caracal] et 6 H125M [Fennec] ou H145M. Si ces demandes concernant n’ont rien d’extraordinaire, il en va autrement pour le reste.
En effet, la liste parle d’une livraison de chasseurs-bombardiers Mirage 2000D [qui ne sont plus produits] et Mirage 2000N, qui ont été retirés du service par l’armée de l’Air en 2018, après avoir été utilisés par les Forces aériennes stratégiques pour des missions relatives à la dissuasion nucléaire. Autrement dit, il est inconcevable qu’ils puissent être proposés sur le marché de l’occasion.
Mais le plus extravagant concerne… les missiles balistiques stratégiques mer-sol M.51, qui équipent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la dissuasion française. La liste publiée par Le Point évoque en effet l’achat d’une batterie de ces missiles… Mais il est probable que le rédacteur ait fait une énorme confusion avec le système sol-air moyenne portée terrestre [SAMP/T] puisqu’il range les M.51 dans la catégorie des missiles de défense aérienne.
Par ailleurs, cette liste ne parle d’une possible commande dans le domaine naval… alors que justement Paris a proposé son aide à Addis-Abeba pour restaurer les capacités de la marine éthiopienne…
