La Gendarmerie met en place une politique de « discrimination positive » pour ses unités peu attractives

C’est ainsi, et sans citer d’exemples pour ne fâcher personne, il y a des affectations qui sont plus prisées que d’autres pour des raisons diverses et variées. D’ailleurs, la Cour des comptes l’avait laissé entendre, chiffres à l’appui, dans un rapport concernant les implantations de la Gendarmerie nationale, en avril dernier.

Ainsi, avaient constaté les magistrats de la rue Cambon, plusieurs départements présentaient un « ratio de couverture de la population bien plus favorable que le ratio moyen de 1 gendarme pour 1.000 habitants affiché par la DGGN ». Et d’ajouter : « Le niveau de délinquance dans ces territoires demeure faible et le calibrage des effectifs est assez peu corrélé à cet indicateur, alors que le maillage des brigades ne peut être totalement déconnecté de l’activité de police judiciaire de ces unités. »

Lors de son ultime audition à l’Assemblée nationale en tant que directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], le général Richard Lizurey, qui a posé son képi le 31 octobre, a été interrogé sur le manque d’attractivité de certaines brigades et sur les éventuelles solutions susceptibles d’y remédier.

« Il y a des endroits où personne ne veut aller pour des raisons géographiques », a ainsi reconnu le général Lizurey.

Une solution a consisté à ouvrir « les possibilités de permutation et mis en place une politique de contractualisation garantissant aux personnes qui passeront cinq ans dans ces unités qu’elles seront affectées outre-mer ou ailleurs. » Seulement, ce dispositif n’a pas fonctionné comme il aurait dû, a indiqué l’ex-DGGN, remplacé depuis par le général Christian Rodriguez.

D’où la mise en place d’une « nouvelle politique d’attractivité fondées sur les envies de formation », a-t-il ajouté. En clair, il est proposé aux gendarmes ayant l’intention de changer de spécialité une affectation dans une brigade peu attractive. En échange, ils pourront suivre la formation qui les intéresse et donner une autre orientation à leur carrière.

« Actuellement, des spécialités qui intéressent des personnels, comme celles de maître-chien, pilote de vedette ou plongeur sont aujourd’hui uniformément réparties entre les régions, et chaque commandant de région répond aux sollicitations. Nous allons mettre en place une politique de discrimination positive au profit des unités non attractives », a ainsi expliqué le général Lizurey.

« Ainsi, celui qui veut devenir pilote de vedette pourra soit être affecté à la brigade de Hyères et regarder les vedettes depuis la plage avec des jumelles, soit passer cinq ans à Puget-Théniers, une des unités où personne ne veut aller, en contrepartie de quoi il obtiendra la garantie d’aller faire un stage sur la vedette et d’acquérir la technicité qu’il convoite », a continué l’ex-DGGN.

Au passage, Puget-Théniers est un gros village de 2.000 habitants situé dans les Alpes-Maritimes, à une soixantaine de kilomètres de Nice. Une compagnie de gendarmerie départementale, y est implantée. Sa zone d’activité englobe 61 communes, lesquelles représentent une population de 26.000 habitants [hors saison touristique].

Quoi qu’il en soit, le général Lizurey a raconté une anecdote pour illustrer cette politique de « discrimination positive ». « J’ai rencontré récemment au G7, à Chantilly, un gendarme qui souhaitait devenir maître-chien et auquel j’ai dit : si vous allez à telle unité, je vous garantis que dans cinq ans, vous serez maître-chien. Il a tout de suite accepté », a-t-il dit.

Seulement, et comme l’a souligné un député, la question de la parole donnée se pose… « La garantie, c’est le tiers de confiance. Je crois beaucoup à la parole donnée, mais la confiance n’exclut pas le contrôle et une grande confiance n’exclut pas une petite méfiance », a admis l’ex-DGGN.

« Nous avons donc mis en place une contractualisation avec trois documents. L’un est remis au militaire, un autre à son chef, qui est appelé à changer, et le dernier à l’inspecteur général des armées gendarmerie [IGAG], garant de l’exécution du contrat. Le gendarme a la garantie institutionnelle de la réalisation et du respect de la parole donnée et de l’écrit », a ensuite expliqué le général Lizurey, qui a dit considérer « qu’il n’y a pas de confiance » mais « que des preuves de confiance. »

« Si les gens ont confiance dans le système, cela fonctionnera. Aujourd’hui, des gendarmes postulent pour venir dans ces unités », a-t-il insisté.

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