Qui se cache derrière « Abu Ibrahim al-Hashemi al-Qurachi », le nouveau chef de Daesh?

Le 31 octobre, l’État islamique [EI ou Daesh] a confirmé la mort de son chef, Abu Bakr al-Baghdadi, lors d’une opération des forces spéciales américaines menée à Barisha, dans la province syrienne d’Idleb, ainsi que celle de son porte-parole, Abu Hassan Al-Mouhajir, visé par une frappe aérienne alors qu’il cherchait a priori passer clandestinement en Turquie.

« Ô musulmans, Ô moujahidines, soldats de Daesh […], nous pleurons le commandeur des croyants Abu Bakr al-Baghdadi », a en effet indiqué un certain Abu Hamza al-Qurashi, présenté comme étant le nouveau porte-parole de l’organisation jihadiste, via un message audio diffusé via l’application Telegram.

Puis, a ajouté ce dernier, la « Majlis al-choura [assemblée consultative, ndlr] a prêté allégeance à Abu Ibrahim al-Hashemi al-Qurashi en tant que commandeur des croyants et nouveau calife des musulmans. » Ce qui, en clair, signifie qu’un successeur d’al-Baghdadi a été désigné.

Reste maintenant à savoir qui se cache derrière le nouveau chef de Daesh, sachant qu’il a été désigné par un nom de guerre. Ainsi, la mention d' »al-Qurashi » signifie qu’il prétend descendre de la tribu au sein de laquelle naquit Mahomet. Ce qui est un pré-requis clef pour prétendre à devenir calife. D’ailleurs, al-Baghdadi avait usé du même artifice au moment de proclamer le califat depuis la mosquée de Mossoul, en juillet 2014 [son nom complet ayant été « Abu Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi, ndlr].

Le seul élément donné par Daesh au sujet de son nouveau chef est qu’il s’agirait d’un vétéran du jihad… Ce qui est mince.

Cela étant, d’après le département d’État américain, un certain Amir Muhammad Said Abdal Rahman al Mawla, alias « Hajji ‘Abdallah », fait partie des successeurs potentiels d’al-Baghadi. D’ailleurs, le programme « Reward for Justice » a mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars.

Le profil d’Hajji ‘Abdallah coche beaucoup de cases : passant pour un « érudit religieux », c’est un membre de la première heure de l’État islamique.

« En tant qu’un des idéologues les plus importants de l’EI, Hajji ‘Abdallah a contribué à motiver et à justifier l’enlèvement, le massacre et le trafic de la minorité religieuse yézidie dans le nord-ouest de l’Irak. Il est censé superviser certaines des opérations terroristes menées par le groupe dans le monde », relève la diplomatie américaine.

Selon Reuters, le nouveau chef de Daesh pourrait avoir été choisi parmi trois autres responsables jihadistes, dont le saoudien Abu Abdullah al-Jizrawi, Abdullah Qaradash [un ancien officier de l’armée irakienne] et Abu Othman al-Tounsi, un tunisien.

L’été dernier, il fut avancé qu’al-Baghdadi avait désigné Abdullah Qardash comme son éventuel successeur. Mais, a priori, cette information serait fausse, à en croire SITE Intelligence, un organisme qui suit les activités numériques de la mouvance jihadiste. D’ailleurs, l’intéressé aurait été tué en 2017. Mais il n’y aucune certitude absolue à ce sujet, dans la mesure où il n’y a jamais eu de confirmation.

Quoi qu’il en soit, d’après Fadhil Abu Ragheef, un expert irakien cité par Reuters, le nouveau chef de Daesh va certainement commencer par rassembler et mobiliser ses troupes en vue de lancer une série d’attaques en représailles de la mort de Baghdadi. Dans le même temps, sa nomination peut éventuellement susciter des tensions internes, comme cela s’était passé pour le mouvement taleb afghan après la mort du mollah Omar.

D’ailleurs, la disparition d’al-Baghdadi semble encourager les groupes jihadites rivaux de l’EI. Ainsi, en Irak, l’organisation Ansar al-Islam, liée à al-Qaïda, vient de revendiquer son premier attentat depuis 2014, sa cible ayant été des miliciens chiites irakiens présents dans la province de Diyala.

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