Le Pentagone diffuse des images du raid mené contre Abu Bakr al-Baghdadi, le chef de Daesh

Le président Trump n’avait pas exclu de diffuser les images du raid mené par les forces spéciales américaines contre le chef de l’État islamique [EI ou Daesh] à Barisha, dans la province syrienne d’Idleb, dans la nuit du 26 au 27 octobre. Évidemment, rendre public de tels éléments ne se décide pas à la légère.

« Nous avons de la vidéo, des photos. Nous ne sommes actuellement pas prêts à les rendre publiques, elles sont en train de passer par le processus de déclassification », avait ensuite temporisé le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées américain.

Finalement, dans la soirée du 30 octobre, le Pentagone a rendu public des images [à la qualité « dégradée »] du raid, conduit par la Delta Force, c’est à dire une unité des forces spéciales relevant de l’US Army. Dans le même temps, le général Kenneth F. McKenzie, le chef de l’US Centcom, le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale, a corrigé quelques détails dans le récit fait de la mission par le président Trump et infirmé quelques hypothèses faites par la presse.

Premier point : La décision de lancer cette opération, appelée « Kayla Mueller », n’a pas été dictée par l’ordre de retrait des troupes américaines de Syrie. « Nous avons choisi l’heure en fonction de divers facteurs : météo, certitude, données lunaires, etc », a expliqué le général McKenzie. En outre, ce dernier a confirmé que les « premiers renseignements sur les allées et venues de Baghdadi, qui se sont révélés très utiles, provenaient des Forces démocratiques syriennes [FDS]. »

Ensuite, les hélicoptères utilisés pour ce raid n’ont pas décollé d’Erbil [Kurdistan irakien] ou de la base irakienne d’Assad, dans la province d’al-Anbar, mais de Syrie. Ce qui, au regard des distances parcourues, est plus cohérent. La Russie et la Syrie avaient été préalablement prévenue de cette opération, au titre des mesures de « déconfliction » convenues avec la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Lors de leur progression vers Barisha, les hélicoptères américains ont effectivement été visés par des combattants au sol. Ce qui a donné lieu à une frappe aérienne pour les neutraliser.

Le général McKenzie a en outre précisé que ce raid héliporté avait été appuyé par des drones ainsi que par des avions de combat de 4e et de 5e génération. Aux Émirats arabes unis, l’US Force dispose de F-15E Strike Eagle [récemment arrivés, ndlr], des F-35A ainsi que des avions ravitailleurs et des drones RQ-4 Global Hawk.

Une fois arrivés sur les lieux, les commandos américains ont échangé des tirs avec deux jihadistes, qui ont été « éliminés » rapidement. Puis, ils ont demandé, en arabe, aux occupants du complexe visé de se rendre. « Certains en sont sortis », dont 11 enfants et, a priori, deux hommes, qui ont été faits prisonniers. Cinq autres, dont 4 femmes et 1 hommes, ont été perçus comme une menace. Ils ont été tués alors que les opérateurs de la Delta Force faisait une brèche dans le mur d’enceinte.

Quant à l’attitude du chef de Daesh, me général McKenzie n’a pas confirmé les propos de M. Trump. Pour rappel, ce dernier avait expliqué qu’al-Baghdadi s’était montré lâche, avant de mourir « comme un chien ».

Ainsi, al-Baghdadi s’est effectivement réfugié dans un souterrain, emmentant non pas trois [comme l’a dit M. Trump] mais deux enfants. Il « a peut-être tiré de son trou dans ses derniers moments », c’est à dire avant d’actionner sa ceinture d’explosifs, mais les ‘rapports reçus jusqu’à présent ne sont pas concluants », a indiqué le chef de l’US CENTCOM. « Je ne peux tout simplement pas confirmer cela d’une façon ou d’une autre », a-t-il insisté.

Quant aux enfants, « ils avaient moins de 12 ans et sont morts dans l’explosion », a dit le général McKenzie.

Enfin, l’identité d’al Baghdadi a pu être établie grâce à un échantillon d’ADN prélevé pendant sa détention au Camp Bucca, en Irak, dans les années 2000. Ses restes ont été immergés en mers dans les 24 heures ayant suivi son décès.

Enfin, le général McKenzie a estimé qu’il « faudra une certain temps » à Daesh pour se remettre de la disparition de son chef et que, durant cette période, ses « actions pourraient être un peu décousues ». Et d’ajouter : « Nous ne voyons pas un avenir sans effusion de sang car, malheureusement, cette idéologie [jihadisme, nldr] s’est répandue ».

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