Les forces turques et syriennes impliquées dans un accrochage sérieux dans la zone frontalière

Le 27 octobre, et conformément à ce qui leur avait été demandé dans le cadre de l’accord russo-turque conclu à Sotchi cinq jours plus tôt, les Forces démocratiques syriennes [FDS], dominée par les milices kurdes syriennes [YPG] ont annoncé leur redéploiement vers des positions éloignées de plus de 30 km de la frontière turco-syrienne, dans le nord-est de la Syrie.

Ce mouvement vise « à mettre un terme aux effusions de sang et à protéger les habitants de la région contre les attaques turques », ont expliqué les FDS, via un communiqué.

Pour rappel, suite à son offensive [appelée « Source de paix », ndlr], lancée contre les YPG pour établir une zone de sécurité d’une trentaine de kilomètres de profondeur à sa frontière, la Turquie a suspendu ses opérations après avoir consenti une trêve négociée par Mike Pence, le vice-président américain. Cette dernière a été prolongée grâce à un accord trouvé avec la Russie.

Selon les termes de cet accord, la Turquie garde le contrôle d’une bande de 120 km de long, située entre les villes de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, pendant que la police militaire russe et les garde-frontières syriens doivent faciliter le retrait des milices kurdes des zones bordant cette zone. Puis, à partir du 30 octobre, des patrouilles russo-turques seront menées dans ces secteurs.

L’annonce concernant le retrait des FDS a été saluée par le Damas, qui bénéficie, par ailleurs, de l’appui de Moscou. Ainsi, selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, une source du ministère des Affaires étrangères a estimé que ce mouvement retrait « le principal prétexte d’une agression flagrante de la Turquie sur le territoire [syrien]. »

En outre, SANA a également rapporté que des affrontements entre l’armée syrienne et les forces turques [et leurs supplétifs syriens} avaient eu lieu près de Ras al-Aïn, ce qui n’a pas été confirmé immédiatement par Ankara. En revanche, le ministère turc de la Défense a fait état d’un soldat tué et de cinq autres tués, lors d’une attaque attribuée aux YPG dans ce même secteur.

Puis, ce 29 octobre, dans les colonnes du quotidien Sabah, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a déclaré qu’il « semblerait que l’organisation terroriste YPG soit toujours dans le secteur de l’opération Source de paix. » Et d’ajouter : « Cette lutte (contre le terrorisme) n’est pas terminée. Nous sommes conscients que cela ne finira pas. »

C’est donc dans ce contexte que de violents accrochages entre forces syriennes et turques ont été signalés par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], qui dispose d’un réseau d’informateurs sur le terrain.

Ainsi, l’artillerie turque aurait visé des troupes syriennes. Puis des « combats à la mitrailleuse » ont éclaté aux abords du village d’Al-Assadiya, près de la frontière turco-syrienne. Il s’agit des premiers combats entre la Turquie et la Syrie depuis le lancement de l’opération « Source de paix ».

Selon un premier bilan donné par l’OSDH, au moins 5 syriens ont été tués lors des tirs d’artillerie et un autre aurait été « exécuté » par les rebelles soutenus par Ankara. Ce que tend à confirmer une vidéo publiée par l’organisation [et qui reste à authentifier].

Le 27 octobre, l’OSDH a également indiqué que des combats ayant eu lieu entre Tal Tamr et Ras al-Aïn et ayant opposé des forces pro-turques et les milices kurdes soutenues par l’armée syrienne avaient fait 15 tués, dont 9 rebelles syriens et six membres des FDS.

Les forces gouvernementales syriennes sont déployées à Tal Tamr depuis le 14 octobre dernier.

Photo : Un supplétif syrien de l’armée turque enlève un drapeau syrien dans le secteur de Ras al-Aïn

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