Les forces américaines empêcheront les troupes syriennes et russes de s’approcher des gisements pétroliers de Deir ez-Zor

Envisagée il y a quelques jours, l’idée d’envoyer des troupes américaines dans l’est de la Syrie pour protéger les puits de pétrole qui s’y trouvent a pris de la consistance.

Lors de la réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan, la semaine passée, le chef du Pentagone, Mark Esper, a ainsi indiqué que les États-Unis étaient « en train de prendre des mesures pour renforcer » leurs positions dans la province de Deir ez-Zor « pour interdire l’accès aux champs pétroliers » à l’État islamique [EI ou Daesh]. Et cela « inclura des forces mécanisées », avait-il ajouté.

Plus tard, une source militaire a confié à Newsweek qu’il était envisagé l’envoi d’une unité blindée, dotée d’une trentaine de chars M1A2 Abrams et de véhicules Bradley, avec la mission de protéger les les champs pétroliers et gaziers de Deir ez-Zor, notamment ceux d’Al-Omar et de Conoco.

Le 28 octobre, lors d’une conférence de presse donnée à la suite de l’élimination d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de Daesh, M. Esper a abordé le sujet des champs pétroliers syriens, sans confirmer pour autant l’ampleur des renforts que le Pentagone prévoit de déployer pour cette mission.

« La situation sécuritaire en Syrie reste complexe tandis que de nombreux acteurs étatiques et non-étatiques se disputent le contrôle des territoires et des ressources de ce pays [la Syrie, ndlr] », a relevé Mark Esper.

Cela étant, le retrait américain des secteurs situés à la frontière turque, dans le nord-est de la Syrie, a donné un feu vert tacite à Ankara pour lancer une opération contre les milices kurdes syriennes [YPG], qui constituent une grande partie de l’effectif des Forces démocratiques syriennes [FDS], lesquelles ont tenu un rôle de premier plan dans la défaite du califat instauré par l’EI.

Le chef du Pentagone s’est expliqué sur ce point. La mission des forces américaines « n’est pas d’agir comme une force de police pour résoudre les litiges » mais de « permettre la défaite permanente de l’EO », a-t-il dit. Aussi, elles « continueront à mener des opérations anti-terroristes, en restant en contact étroit » avec les FDS qui « ont combattu nos cotés », a-t-il assuré.

Et, sans doute pour faire « avaler la pilule » de la décision de M. Trump ayant abouti à l’offensive turque contre les YPG dans le nord-est de la Syrie, les forces américaines garderont le « contrôle des champs pétroliers » car ils « fournissent une source de financement essentielle aux FDS, qui leur permet de sécuriser les camps de prisonniers de l’EI et de mener des opérations », a fait valoir M. Esper.

Lors d’un discours prononcé à Chicago, le président Trump a indiqué que ces puits de pétrole pouvaient rapporter jusqu’à 45 millions de dollars par mois.

Reste que la Russie a déjà vivement critiqué les intentions américaines. « Toutes les régions et installations pétrolières doivent être mises sous le contrôle du gouvernement syrien », fit en effet valoir Mikhaïl Bogdanov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, le 23 octobre.

« Absolument aucun des gisements d’hydrocarbures […] situés sur le territoire de la République arabe syrienne n’appartient aux terroristes de l’Etat islamique et encore moins aux ‘défenseurs américains des terroristes de l’Etat islamique’, mais exclusivement à la République arabe syrienne », a insisté le ministère russe de la Défense.

Aussi, à la question de savoir si la mission des forces américaines consisterait à empêcher les forces russes et syriennes de prendre le contrôle des sites de production d’hydrocarbures situés dans la province de Deir ez-Zor, M. Esper a dit : « En bref, la réponse est oui. Et c’est le cas actuellement parce que nous voulons nous assurer que les FDS aient bien accès à leurs ressources pour sécuriser les prisons [où sont retenus les jihadistes de Daesh] et armer leur propres troupes pour nous aider dans notre mission contre l’EI. »

« Les troupes américaines resteront positionnées dans cette zone stratégique pour empêcher l’accès de ces ressources vitales à l’EI. Et nous réagirons avec une force militaire écrasante contre tout groupe qui menacerait la sécurité de nos forces », a également affirmé M. Esper.

En tout cas, ce déploiement militaire américain pour protéger les puits de pétrole de Deir ez-Zor ne pourra que bloquer l’avancée des troupes gouvernementales syriennes dans cette région. D’ailleurs, en février 2018, avec l’appui de mercenaires russes, elles tentèrent d’en forcer le verrou, au niveau de la localité de Khoucham, avant d’être défaites par les FDS et les frappes aériennes de la coalition anti-jihadiste.

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