Le drone spatial X-37B de l’US Air Force est revenu sur Terre après 780 jours passés dans l’espace

À en juger par son aspect après son atterrissage sur la piste du Centre spatial Kennedy de la Nasa, en Floride, le drone spatial X-37B n’a pas trop souffert de ses 780 jours passés à tourner autour de la Terre. Ce qui en fait la plus longue des cinq missions effectuées par ce type d’engin depuis 2010.

Au total, cette mini-navette de 9 mètres de long pour 4,5 mètres d’envergure, conçue par la division Phantom Works de Boeing, a accumulé 2.685 jours passés dans l’espace. Il n’est sans doute pas pertinent de parler de « séjour en orbite » dans la mesure où tout laisse à penser que le X-37B a la capacité de manoeuvrer et donc de changer d’orbite pour échapper aux curieux.

En juillet dernier, l’astronome amateur néerlandais Ralf Vandebergh est cependant parvenu à le photographie. Non sans mal, comme il l’a expliqué. L’ayant localisé en mai, le X-37B n’est pas arrivé à l’horaire et sur le chemin qu’il avait prévu après l’avoir observé une première fois quelques semaines plus tôt. « Il s’est avéré qu’il avait manœuvré sur une autre orbite. Grâce au réseau des observateurs amateurs de satellites, j’ai rapidement retrouvé son orbite, et j’ai pu prendre quelques photos le 30 juin et le 2 juillet », a-t-il confié.

D’ailleurs, la capacité qu’a le X-37B de manoeuvrer dans l’espace a été confirmée en juillet par Heather Wilson, l’ex-secrétaire à l’US Air Force, lors du Forum sur la sécurité, organisé tous les ans à Aspen [Colorado]. Sa capacité à modifier son orbite « frustre nos adversaires », avait-elle avancé. « Nous savons que cela les rend fous. Et je suis vraiment contente de ça », avait-elle ajouté, en qualifiant ce drone spatial de « fascinant. »

Quoi qu’il en soit, cela ne dit rien sur ce qu’a bien pu faire le X-37B durant tout ce temps passé dans l’espace. Officiellement, il est utilisé pour faire de « la réduction de risque, des expériences et des opérations conceptuelles pour développer l’usage de véhicules spatiaux réutilisables », sous l’égide de l’Air Force Laboratory.

Pour sa cinquième mission, commencée en septembre 2017, le X-37B avait embarqué à son bord de « petits satellites » afin de faire la « démonstration d’un accès plus rapide à l’espace ». Et il s’agissait également de tester de nouvelles technologies spatiales. Pour cela, il avait emmené une charge utile appelée « Advanced Structurally Embedded Thermal Spreader », censée permettre d’éprouver des systèmes électroniques ainsi qu’un dissipateur thermique.

Lors de ces précédentes missions, il avait été question d’expériences portant sur de nouveaux matériaux et sur un « moteur ionique », supposé être plus puissant que les propulseurs chimiques tout en étant moins gourmand en énergie.

« Ce programme continue de repousser les limites en tant que seul véhicule spatial réutilisable au monde. Après un atterrissage réussi aujourd’hui, le X-37B a effectué son vol le plus long à ce jour et a réalisé avec succès tous les objectifs de la mission », a fait valoir Randy Walden, le directeur de l’Air Force Rapid Capabilities Office.

« Le X-37B continue de démontrer l’importance d’un avion spatial réutilisable », a fair valoir Barbara Barrett, la nouvelle secrétaire de l’US Air Force. « Chaque mission successive fait progresser les capacités spatiales de notre pays », a-t-elle ajouté.

Cela étant, la confidentialité qui entoure les missions du X-37B alimente les spéculations au sujet des objectifs du Pentagone. Dans le rapport sur les activités spatiales de défense, les députés Stéphane Becht et Olivier Trompille ont émis l’hypothèse que ce drone spatial puisse être utilisé comme « arme anti-satellite, engin de renseignement spatial ou de plateforme d’emport et de lancement de charges militaires. » Quoi qu’il en soit, et en raison de la flexibilité que peut offrir un drone spatial, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Philippe Lavigne, a estimé que la question de disposer d’une telle capacité se « posera un jour ».

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