La Russie envoie en Syrie 300 soldats basés en Tchétchénie pour des « tâches spéciales »

L’accord conclu entre la Turquie et la Russie au sujet du nord-est de la Syrie prévoit un contrôle conjoint d’une « zone de sécurité », bordant la frontière turco-syrienne et exempte de combattants kurdes syriens, considérés comme terroristes par Ankara, alors qu’ils ont été en première ligne face à l’֤État islamique [EI ou Daesh].

Dans le détail, et après avoir lancé l’opération « Source de paix » avec le concours de supplétifs syriens, dont certains ont une réputation sulfureuse, la Turquie garde le contrôle d’une zone de 120 km de long et de 32 km de large, comprise entre les villes de Tal Abyad et de Ras al-Aïn. À noter que l’accord parle d’un « statu quo » pour cette bande de territoire et aucun retrait des forces turques et de leurs obligés n’est pour le moment prévu.

Pour les secteurs bordant cette zone, il est question d’un retrait des milices kurdes syriennes [YPG] au-délà de 30 km de la frontière turco-syrienne. Retrait qui doit être « facilité » par les forces russes et syriennes. À l’issue, des patrouilles seront menées conjointement par les militaires turcs et russes.

Le texte indique par ailleurs que la Turquie et la Russie ont la volonté de « lutter contre le terrorisme dans toutes ses formes » et de « aux aspirations séparatistes sur le territoire syrien. En outre, les deux pays s’engagent à prendre des « mesures nécessaires pour empêcher une infiltration des éléments terroristes. » Enfin, il est évoqué, sans plus de précisions, des efforts russo-turcs pour « faciliter le retour volontaire et sécurisé de réfugiés ».

Sur ce dernier point, Ankara a dit avoir l’intention d’installer 2 millions des 3,6 millions de Syriens venus se réfugier sur son territoire dans cette « zone de sécurité ». Étant donné que des dizaines de milliers de Kurdes ont fui les combats de ces derniers jours, il est fort probable qu’ils ne retrouveront plus les maisons qu’ils ont abandonnées…, les choses s’étant déjà passées ainsi dans le canton d’Afrine, visé par une précédente opération turque en janvier 2018.

Quoi qu’il en soit, c’est donc dans le cadre de cet accord que Moscou a annoncé, ce 25 octobre, l’envoi de renforts en Syrie. Et, comme des membres de la police militaire russe, habituellement basés en Tchétchénie, ont été sollicités.

« Environ 300 officiers de police des forces armées de la Fédération de Russie en poste en République tchétchène sont arrivés en République arabe syrienne pour effectuer des tâches spéciales », a en effet indiqué le ministère russe de la Défense.

« Des avions de transport militaires ont également acheminé plus de 20 véhicules blindés Tigr et Tayfun-U à la base aérienne de Hmeymim [Syrie] depuis des aérodromes situés dans les régions de Rostov et de Krasnodar », a précisé Moscou.

Les « tâches spéciales » évoquées par le ministère russe de la Défense concerneront le « maintien de l’ordre » et « la surveillance des zones assignées ». En outre, les membres de la police militaire russe auront également à aider les unités kurdes à « se retirer de la zone de 30 kilomètres située à la frontière syro-turque. »

L’origine tchétchène des effectifs militaires russes envoyés en Syrie dans le cadre de l’accord russo-turc n’est pas surprenant. Constituée en majeure partie d’unité issus des républiques musulmanes du Caucase russe, cette police militaire avait déjà été déployée après la bataille d’Alep, en décembre 2016, ainsi que dans les « zones de désescalade » instaurées dans certaines régions syriennes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]