Innovation de défense : La DGA cherche une solution pour éviter le rachat de Photonis par un fonds étranger

Spécialiste de la vision nocturne, la PME Photonis a une longueur d’avance sur ses concurrents, notamment avec la CMOS Kameleon, une caméra qui permet de filmer en couleur pendant la nuit. Ce qui, par rapport aux systèmes actuellement utilisés [infrarouge et thermique], qui ne prennent que des images monochromes, est de nature à donner un avantage certain aux forces qui en seraient dotées. D’ailleurs, en 2015, cette innovation avait reçu le prix « Ingénieur général Chanson », décerné par l’Association de l’Armement Terrestre.

L’activité de Photonis dans le domaine de la défense ne s’arrête pas là : l’entreprise a également des savoir-faire en matière d’intensification d’images numériques et d’instrumentation nucléaire.

En outre, la PME propose des tubes de puissance pour les communications militaires. Enfin, ses produits sont présents dans le laser Megajoule [qui fait partie du programme « simulation » de la dissuasion nucléaire], les satellites ou bien encore à bord des sous-marins nucléaires.

Après une période financière difficile, Photonis a été mise en vente par son propriétaire, à savoir Ardian, une société d’investissement française. D’où la crainte de voir cette entreprise innovante passer sous pavillon étranger. Une perspective qui ne ravit pas la Direction générale de l’armement [DGA].

En effet, et contrairement à ce qui a pu être avancé, Photonis figure toujours sur la liste des entreprises stratégiques pour le ministère des Armées. C’est, en tout cas, ce qu’a assuré Joël Barre, le Délégué général pour l’armement, lors d’une audition au Sénat.

« Nous n’avons pas décrété que [Photonis] ne serait pas stratégique », a en effet affirmé M. Barre, en répondant à la question d’un sénateur, inquiet de l’avenir de cette entreprise.  »

« Nous savons que le fonds Ardian cherche à la mettre en vente et nous avons demandé à deux maîtres d’oeuvre compétents en matière d’optronique, Thales et Safran, de se pencher sur le dossier », en ensuite expliqué le DGA. Si ces deux industriels s’entendent, alors Photonis restera sous pavillon français. Dans le cas contraire, c’est à dire si Ardian revend Photonis à un fonds étranger, alors « nous appliquerons la réglementation en vigueur », a-t-il indiqué.

En clair, il s’agira d’avoir recours à l’arsenal prévu par le décret n° 2014-479 du 14 mai 2014, « relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable » [dit encore « décret Montebourg »] ainsi que par les articles R-153-1 et R-153-2 du Code monétaire et financier. Ce dispositif permet au gouvernement de « s’assurer que ces objectifs légitimes seront pleinement pris en compte par les investisseurs étrangers […] » tout en lui donnant la possibilité de « demander des engagements spécifiques ou imposer des conditions à la réalisation des investissements concernés, afin de garantir la préservation des intérêts du pays. »

Dans le cadre de la Loi PACTE, cet arsenal a été renforcé tout en étant étendu à d’autres secteurs [intelligence artificielle, espace, stockage des données, semi-conducteurs, etc]. « Ce dispositif prévoira un suivi des engagements dès l’autorisation des investissements, un mécanisme de contrôle par un audit externe régulier, qui pourront faire l’objet de sanctions dissuasives en cas de non-respect », avait expliqué le ministère de l’Économie.

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