Le ministère des Armées s’allie à ACE Management pour financer les entreprises liées à la cybersécurité

Ce 3 octobre, la Bretagne a encore renforcé son statut de « pôle d’excellence » de la cyberdéfense. En effet, au quartier Stephant [près de Rennes], la ministre des Armées, Florence Parly, a inauguré le premier bâtiment exclusivement dédié aux opérations menées par le commandement cyber [COMCYBER], dirigé par le général [air] Didier Tisseyre.

Et ce n’est pas fini… car ce bâtiment, qui porte désormais le nom du commandant Roger Baudouin, sera suivi de deux autres. Il s’agit, a souligné Mme Parly, de permettre au COMCYBER de « disposer d’un outil redoutable de planification et de conduite des opérations dans le cyberspace » et de doter la France de moyens qui la « placent à l’avant-garde » dans ce domaine.

« Les infrastructures du quartier Stéphant permettront de mutualiser et d’optimiser la préparation opérationnelle de nos cyber combattants et combattantes sur l’ensemble du spectre de la lutte informatique », a expliqué la ministre.

Avec les chaires de cyberdéfense des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et de l’École navale, l’École des Transmissions, la DGA MI [Maîtrise de l’information] à Bruz, l’ensemble des laboratoires et autres centres de recherches spécialisés, la Bretagne passe pour être une telle d’élection pour les spécialistes de la cyber-sécurité. À telle enseigne que la métropole rennaise compte près de 70 entreprises et autres jeunes pousses [start-up] dont l’activité porte sur ce domaine.

Aussi, afin de capter les innovations civiles aussi rapidement qu’il sera possible de le faire, la ministre a également inauguré la « Cyberdéfense Factory », c’est à dire une antenne de « l’Innovation Defense Lab » [heureusement que la langue de la République est le Français… cf article 2 de la Constitution].

« La Cyberdéfense Factory n’a pas seulement vocation à capter les innovations du secteur civil. Car nous nous inscrivons dans cette démarche à double sens, un échange de bon procédés : car notre objectif est aussi que les entreprises bénéficient de l’expertise dont nous disposons en interne. Et c’est par ces échanges que nous favoriserons les innovations duales, utiles tant pour la société civile que pour le monde militaire », a expliqué Mme Parly, qui espère que cette démarche favorisera l’éclosion de futurs acteurs à dimension européenne, voire mondiale.

Seulement, et c’est un point qui avait été mis en avant dans un récent rapport du Sénat concernant l’innovation en matière de défense, le financement des « jeunes pousses » susceptibles d’intéresser le ministère des Armées n’est pas totalement satisfaisant. Le problème n’est pas nécessairement une question de moyens financiers… Mais plutôt une affaire de foisonnement de dispositifs.

Ce système « n’apporte pas à ce jour de réponse satisfaisante à la ‘vallée de la mort’, c’est-à-dire au financement des démonstrateur » et il « ne permet pas de garantir l’autonomie stratégique en gardant françaises des start-up ou jeunes pousses qui peinent à trouver le capital nécessaire à leur croissance », avaient relevé les sénateurs Cédric Perrin et Jean-Noël Guérini.

Justement, pour aider les jeunes pousses à franchir cette « vallée de la mort », Mme Parly a annoncé la signature d’une convention avec la société d’investissement ACE Management [filiale du groupe français Tikehau Capital] afin d’accéléter les financement via un fonds de 80 millions d’euros dédié à la cybersécurité.

« Ce fonds doit nous permettre de faire émerger de nouveaux acteurs du cyber et de consolider les existants pour les projeter à l’international. Ensemble, le fonds d’investissement et la Factory porteront cette ambition, l’une des plus belles et des plus enthousiasmantes, d’être une couveuse d’entreprises et de favoriser la création de startups », a fait valoir Mme Parly.

Sur son site Internet, ACE Management, dirigée par Marwan Lahoud [ex-Airbus] depuis septembre, dit gérer « trois grandes lignes de produits, représentant 500 M€ de capitaux », dont Aerofund [aéronautique], Brienne [cybersécurité et défense] et Atalaya [Maritime].

« Les souscripteurs des fonds gérés par ACE Management sont les groupes industriels et des institutionnels de premiers plan parmi lesquels figurent : Airbus, Airbus Group, Safran, Airbus Helicopters, Thales, Naval Group, Louis-Dreyfus Armateurs, CEA, Orano, GICAN (Groupement des Industries de Construction et Activités Navales), Bpifrance, Fonds de Solidarité des Travailleurs du Québec (FSTQ), Société Générale, Crédit Agricole, CIC, AXA, et 4 Régions (Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire) », précise encore la société.

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