Pour Paris , il est « clair » que l’Iran est responsable des attaques contre le secteur pétrolier saoudien
Dans un article publié par le quotidien Le Monde, le 23 septembre, le président Macron s’était gardé d’impliquer directement l’Iran dans les attaques ayant touché deux sites pétroliers majeurs en Arabie Saoudite, une semaine plus tôt.
« Il faut être très prudent dans l’attribution. Il y a, pour le moment, des faisceaux d’indices, mais ce bombardement est un fait militaire de nature nouvelle qui change l’écosystème dans lequel était la région et qui crée une nouvelle donne », avait expliqué le chef de l’État.
Pour rappel, les rebelles Houthis, actifs au Yémen avec le soutien de l’Iran, ont revendiqué les frappes contre le secteur pétrolier saoudien, lesquelles furent réalisées avec des missiles de croisière [vraisemblablement des Quds-1] et des drones. Et Téhéran nie toute implication dans ces attaques, alors que, au regard de la portée des engins utilisés pour les commettre, tout laisse supposer qu’elles ont été lancées depuis le nord du golfe arabo-persique [GAP] et non depuis les territoires contrôlés par la rébellion yéménite.
« Les Houthis ont annoncé que c’était eux qui avaient lancé cette agression, c’est relativement peu crédible », avait d’ailleurs estimé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères.
Pendant que M. Macron se disait « prudent » sur l’attribution de ces attaques, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a franchi le pas lors d’une conversation avec des journalistes à bord de l’avion qui l’emmenait à New York, pour l’assemblée générale des Nations unis.
« Le Royaume-Uni attribue à l’Iran avec un degré très élevé de probabilité la responsabilité des attaques contre Aramco [qui exploite les sites pétroliers saoudiens visés, ndlr] », a en effet lâché le chef du gouvernement britannique. Et d’ajouter : « Nous allons travailler avec nos amis américains et nos amis européens pour élaborer une réaction qui essaie de faire retomber les tensions dans la région du Golfe. »
Cela étant, le fait que M. Macron ait insisté sur la « prudence » dont il fallait faire preuve pour attribuer les attaques contre le complexe pétrolier saoudien donne probablement plus de poids au communiqué qu’il a publié conjointement avec Boris Johnson et Angela Merkel, la chancelière allemande, le 23 septembre.
« Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible », ont effet déclaré les trois dirigeants européens.
« Ces attaques ont été dirigées contre l’Arabie saoudite, mais elles concernent tous les pays et renforcent le risque de conflit majeur. Elles rappellent l’importance des efforts collectifs à mener en faveur de la stabilité et de la sécurité régionale, y compris de trouver une solution politique au conflit en cours au Yémen », ont aussi fait valoir Emmanuel Macron, Boris Johnson et Angela Merkel, en insistant sur le respect de l’accord sur le nucléaire iranien [JCPoA], signé en 2015 à Vienne.
Au quotidien Le Monde, le président français avait auparavant souligné l’importance de la sécurité régionale dans le Golfe. « C’est le prix de l’essence avec de rapides répercussions sur le pouvoir d’achat mais c’est aussi notre sécurité tout court, car, s’il y a un embrasement, il y aura des effets domino très difficiles à maîtriser », avait-il confié.
Le communiqué signé par les dirigeants français, britannique et allemand a été salué par Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine. « Les Etats-Unis remercient nos amis proches, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, pour leur claire énonciation de la seule responsabilité de l’Iran dans l’acte de guerre contre l’Arabie saoudite et dans son impact sur la région et sur le monde », a-t-il dit, via Twitter. « Cela va renforcer la diplomatie et la cause de la paix. Nous exhortons tous les pays à rejoindre cette condamnation des actes de l’Iran », a-t-il estimé.
Après avoir rencontré son homologue américain, Donald Trump, M. Macron s’est entretenu avec Hassan Rohani, le président iranien, après la diffusion du communiqué incriminant Téhéran. Une occasion pour exposer à ce dernier la « lecture [française] des attaques du 14 septembre » et pour lui dire que « la voie de la désescalade est étroite mais plus que jamais nécessaire et que le moment était venu pour l’Iran de la prendre », a indiqué l’Élysée.